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Avis d Experts

C'est bien l'inflation qui influence les taux immobiliers !

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Comme je l’anticipais dans mon avis de septembre 2015, la chute des taux et l’extension des conditions d’accession au PTZ, très favorable aux primo accédants, ont été un formidable booster pour l’immobilier en 2016.

Les chiffres avancés de plus de 1,1 million de ventes dont près de 850.000 dans l’ancien confirment ces exceptionnels résultats. C’est indiscutablement la chute des taux de crédit immobilier au cours de l’année 2016 qui a permis ces performances. Quand 90% des achats immobiliers reposent à plus de 90% sur un emprunt immobilier, c’est forcément le niveau des taux qui régule le marché du logement !

Mais qu’en sera-t-il en 2017, année d’élection présidentielle ? À quelles évolutions des taux de crédit devons-nous nous attendre ? Pour ma part, depuis plus de 40 ans, j’anticipe l’évolution des taux des crédits immobiliers, en analysant très régulièrement les variations du niveau de l’inflation.

N’en doutez pas un seul instant, c’est bien prioritairement le niveau de l’inflation qui détermine à la fois le coût des ressources bancaires et le coût des moyens que les banques doivent mettre en œuvre pour distribuer leurs crédits.

Pour faire simple, si l’inflation augmente c’est qu’il y a une plus forte demande qui exerce une pression à la hausse sur les prix. L’augmentation de cette demande nécessite une augmentation des moyens pour y répondre (Hausse de l’emploi, des salaires et des emprunts pour financer ce développement). L’augmentation de la demande d’argent répond au même phénomène plus la demande est forte plus la ressource sera chère, plus le taux à payer pour l’obtenir sera élevé.

C’est ce qui devrait se passer dans un marché idéal de libre-échange. Mais ce n’est pas réellement le cas. Des États très fortement endettés et sans croissance faute d’inflation dont la France, ont conduit l’autorité monétaire, en l’occurrence la Banque Centrale Européenne à intervenir en force.

Les effets de la politique monétaire

A ce propos je rappelle que la BCE est investie de deux missions principales : maintenir le pouvoir d'achat de l'euro et la stabilité des prix dans la zone euro. En matière de régulation des prix l’objectif est d’atteindre un niveau de 2% d’inflation qui serait un must économique.

La solution qui a été choisie est simple : doper l’économie en injectant des volumes gigantesques de liquidités jusqu’à présent de 80 milliards par mois et bientôt 60, à des taux extrêmement bas, actuellement à 0%.

Qu’observons-nous après plusieurs années de cette politique monétaire. À fin décembre, les effets de cette politique semblent produire leurs effets. Ainsi Eurostat mesure l’inflation moyenne européenne en hausse à 1,1%.

En France elle est timidement haussière à 0,7% (Prévision de 1,2% à fin 2017), alors que l’Allemagne, elle, atteint désormais les 1,7%. Une accélération de l’inflation pourrait conduire la BCE à repenser sa politique monétaire en diminuant le volume des liquidités et :ou une hausse de son taux directeur.

Des hausses de taux ponctuelles selon les régions

Cette perspective est forcément envisageable mais pas encore à l’ordre du jour. Aussi, tant que la BCE maintiendra son taux directeur à 0% et l’abondance des liquidités j’estime qu’il n’y aura aucun mouvement haussier généralisé des taux immobiliers.

Donc, sauf bouleversement imprévisible, en France, les taux du 1er trimestre resteront peu ou prou ceux constatés en janvier. Comme toujours nous constaterons des hausses ponctuelles suivant les régions et les politiques commerciales de conquête des différents réseaux bancaires. La concurrence interbancaire est de loin le meilleur processus qui maintient le niveau général des taux au plus bas.

Par ailleurs, je tiens à dédramatiser l’impact financier d’une augmentation des taux. En effet, sur un crédit de 150 000 euros sur 20 ans, (moyenne française des demandes de crédit) une hausse de 0,10% augmente la mensualité de seulement 6,76 euros et le coût global du crédit de 1 621 euros.

Pour une hausse de 0,20%, la mensualité augmente de 13,52 euros et le coût du crédit de 3 242 euros. Il n’y a là rien qui puisse modifier significativement la motivation des candidats à l’acquisition

Mes conseils

1) Avec la baisse des taux les meilleurs profils sont prioritaires et désormais les banques sont plus sélectives qu’avant avec leurs propres clients. Dans ce contexte, il arrive assez fréquemment qu’un dossier refusé par une agence bancaire soit accepté lors de la présentation du même dossier par un courtier à la plateforme de financement immobilier du groupe bancaire.

Pour éviter ce genre de situation difficile à vivre alors que vous êtes contraints par des dates butoirs, je vous recommande prioritairement de mettre systématiquement votre banque en concurrence avec un courtier en crédit.

2) Avec la baisse des taux nous constatons une très forte augmentation du nombre dossiers de financement. Cet afflux provoque un engorgement dans les banques, tant au niveau de l’instruction qu’au niveau des services d’édition des offres de prêts.

Aussi je vous recommande de prévoir un délai de minimum 60 jours pour réaliser votre condition suspensive de prêt.

Pour ma part je considère que les conditions actuelles de taux justifient d’envisager sereinement une acquisition immobilière.

Bruno Rouleau