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Avis d Experts

L'immobilier prochaine victime d'Uber ?

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L’Uberisation du secteur est le dernier concept à la mode dans les colloques et forums où professionnels de l’immobilier scrutent l’avenir avec une certaine inquiétude. Les barbares et pirates d’Internet vont-ils réserver à l’immobilier le sort qu’Uber fait aux taxis ?

Le concept d’Uberisation est employé quand des sociétés ou des personnes tirent partie des possibilités d’Internet pour proposer des services à très bas coûts en s’affranchissant de règles et de lois datant du siècle passé. L’opérateur de base, qui n’est pas salarié, peut vendre ses services à un prix très faible car d’une part il n’a pas de coûts de structure et, d’autre part, pour lui c’est un revenu d’appoint, ou il est prêt à tout pour gagner sa vie, même très chichement.

Quelles sont les menaces pour l’immobilier ?

Aujourd’hui, rien de concret et de significatif n‘apparaît, mais quelques réflexions prospectives permettent de nourrir le débat.

Pour le métier de la transaction, l’arrivée des mandataires a entrouvert la porte. Les mandataires respectent la loi et leurs honoraires sont proches de ceux des agents immobiliers traditionnels. Mais qu’adviendra-t-il si demain certains proposent leurs services pour un coût fixe très bas ? Pour mille euros, on rédige une annonce et on l’a publie sur Internet, puis on assure les visites et il reste à confier le client au notaire pour le compromis… Pour un retraité ou un chomeur, quelques affaires dans l’année seront un complément de revenu non négligeable.

Pour la gestion locative, la recherche d’un locataire et la préparation d’un bail type sont encore plus simple et c’est un secteur où de très nombreux propriétaires gèrent en direct leur location : un coup de main pas cher sera le bienvenu.

Pour le syndicat de copropriété, certains pensent que la complexité réelle de l’exercice protège la profession. Certe, toutefois on peut imaginer que l’on proposera demain d’assumer les tâches comptables et administratives à très bas coûts en profitant de main d’oeuvre délocalisée ou de la disponibilité d’un lumpen prolétariat local.

Aujourd’hui, tout cela est encore de la science fiction, mais pour s’en protéger, il faut garder à l’esprit que le meilleur garant de la bonne santé d’une entreprise n’est pas la barrière que les règlements opposent aux nouveaux concurrents, mais la satisfaction du client.

Hervé Parent