BFM Immo
Julien Gondeau

L'impact du "golden visa" sur le marché immobilier espagnol

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A l’été 2013, le parlement espagnol a ratifié une loi permettant aux acquéreurs étrangers d’obtenir un permis de résidence dans l’Union Européenne dans le cas d’acquisition pour un minimum de 500 000 euros d’actifs immobiliers (en un ou plusieurs appartements). L’ambition de cette mesure était d’attirer des investisseurs capables d’absorber l’énorme stock immobilier. Deux ans après sa mise en œuvre, cette mesure appelée communément « golden visa » a-t-elle eu réellement l’effet escompté ?

Une récente étude du « colegio de registradores » et la lecture des chiffres de 2014 permet de démontrer que l’effet a été marginal. Certes la part des acquéreurs étrangers s’élève à 13% du total des acquisitions immobilières mais la part des acquisitions d’actifs immobiliers pour une valeur supérieure à 500 000 euros n’est que de 5,20%. De plus seul 44,89% ont été réalisés par des non-communautaires, les 55,11% restant ont donc réalisé ces acquisitions sans nécessité d’acquérir le « golden visa ».

Par ailleurs cette part des acquéreurs d’actifs immobiliers pour une valeur supérieure à 500 000 € était de 4,72% en 2013. L’évolution est de ce fait vraiment marginale. Cette part se situe de fait au même niveau que celle de 2012.

Ces acquisitions correspondent donc dans une large mesure à la demande normale de logements de la part d’acquéreurs étrangers plutôt qu’à l’effet de la mesure du « golden visa ».

En valeur absolue, en 2014, le nombre d’opérations de type « golden visa » a été de 490, ce qui représente 390 millions d’euros.

Le « non-effet » de cette mesure qui s’annonçait spectaculaire s’explique principalement par les doutes générés par la continuité de sa durée. En effet le renouvellement de la résidence est conditionné à la venue au moins une fois par an en Espagne. D’autre part les investisseurs visés : principalement les russes, chinois et moyen-orientaux ont souvent été peu informés de la mesure dans leur pays d’origine ou ont comparé les conditions avec celles proposées par d’autres pays notamment le Portugal qui a su proposer des conditions plus attractives notamment en terme de fiscalité.

Logiquement les régions méditerranéennes (et les Canaries) restent celles qui attirent le plus d’acquéreurs étrangers : les Baléares ont ainsi compté 32,63% d’acquéreurs étrangers, la Région de Valence 27,16%, l’Andalousie 15,24%, et la Catalogne 13,23%.

Pour conclure une autre donnée factuelle intéressante issue de cette étude concerne le cycle baissier du nombre de transactions confirmé par l’allongement du temps de possession d’un logement : celui ci était de 7 ans et 4 mois en 2007, il est désormais de 11 ans et 4 mois soit 54% de plus.

Part d'acheteurs étrangers pour des biens de 500.000€ ou plus au sein des différentes régions d'Espagne & la proportion d'acheteurs de la communauté européenne - Source : Colegio de registradores

Julien Gondeau