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Logements HLM vides : vrai scandale ou faux problème ?

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Dans son numéro daté du 29 septembre 2010, Le Parisien dresse le hit-parade des mauvais élèves pour les logements HLM vacants. Le constat est sans appel : il y aurait « entre 20.00 0 et 25.000 » HLM vides alors que 700.000 personnes attendent un logement social ! Plus précisément, ces 25.00 logements représentent six pour cent du parc des quatre millions de logements sociaux.

Les marronniers sont en fleurs. Ce type de sujet, qui apparaît tous les ans à la même époque, s’appelle un « marronnier » dans le jargon des journalistes. Et effectivement, tous les ans au moment du Congrès de l’Union HLM, l’USH, on trouve un journaliste pour s’inquiéter de la vacance dans le parc HLM. Cette récurrence n’est d’ailleurs absolument pas une excuse à la mauvaise gestion qui existe ici ou là et continuera d’exister tant que les hommes ne seront pas parfaits.

6 % de logements vides : Est-ce un problème ?

Le chiffre semble fort et, à mon sens, il l’est ! Mais pas tant que ça quand on sait que les experts des marchés immobiliers estiment qu’un taux de vacance en dessous de quatre pour cent correspond à un marché bloqué. Dans ce cas, les personnes qui cherchent à se loger ne trouvent aucune offre ; on a alors une population « assignée à résidence ». Les problèmes qui en découlent sont alors plus graves que ceux qui sont nés de la vacance.

Les deux types de vacance

Pour comprendre les raisons de ces logements vides, il faut suivre les professionnels et distinguer la vacance technique et la vacance structurelle. La vacance technique est le délai entre le moment où le locataire quitte les lieux et celui où le nouveau emménage. Entre temps, on a fait des travaux de rénovation, on a mis l’appartement en location, les dossiers sont passés en commission (c’est obligatoire dans le monde HLM), le nouveau locataire a demandé un mois pour quitter son ancien appartement et emménager dans le nouveau. Pour tout cela, réussir à descendre en dessous de trois mois demande une gestion performante. La vacance technique, qui en est la conséquence, représente trois pour cent, soit la moitié du taux dénoncé par Le Parisien.

La vacance structurelle correspond aux logements qui restent vides sur de longues durées. Il peut exister de nombreuses raisons à ce « scandale » : on a construit un immeuble dans une zone rurale où personne ne veut habiter ; on vide progressivement une tour afin de la détruire ou de la restructurer en profondeur ; les logements sont situés dans un quartier où aucun locataire solvable ne veut habiter, etc... Dans tous les cas, et quand la volonté existe, il faut mobiler des moyens financiers lourds, et obtenir le concours et l’autorisation des services de l’État. Rien ne se fait sans délai…

Hervé Parent