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Pourquoi les taux vont rester durablement bas

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Les taux de crédit immobilier sont historiquement bas et ne risquent pas de remonter dans l’immédiat. Explications.

Alors qu’au début de l’année 2015 tous les professionnels s’attendaient à une remontée progressive des taux de crédit immobilier, ceux-ci n’ont fait que baisser, dans le sillage notamment des taux d’emprunt d’Etat Français. Et cette situation très avantageuse pour les emprunteurs devrait durer encore quelques mois.

Après plus de 3 ans de baisse quasi ininterrompue, les taux de crédit immobilier n’ont cessé d’atteindre de nouveaux records historiques, mois après mois. Ainsi, depuis janvier 2012, les taux moyens sur 20 ans ont diminué de 2 points, passant de 4,30 % à 2,30 % aujourd’hui. Ces douze derniers mois, la baisse est de 1 point. En 3 ans seulement, les emprunteurs ont gagné théoriquement près de 20 % de capacité d’emprunt supplémentaire ! Une aubaine pour les aspirants à la propriété mais aussi pour tous ceux qui avaient déjà un crédit et qui ont bien compris qu’eux aussi pouvaient en profiter en renégociant leur crédit.

Cette situation de taux - inédite depuis 70 ans - est liée à la baisse des taux d’emprunt d’Etat, référence pour les banques pour déterminer le niveau de leurs taux fixes. Le taux d’obligation d’Etat (OAT 10 ans) est ainsi passé de 3 % début 2012 à 0,34 % actuellement, l’Etat français apparaissant toujours aux yeux des investisseurs comme un pays « sûr » par rapport à d’autres pays d’Europe du sud considérés comme plus risqués. Les emprunteurs peuvent également dire merci à Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne et à sa fameuse opération de « Quantitative easing ». En annonçant en janvier le rachat de plus de 1 000 milliards d’euros de dette, il a fait chuter les taux de rendement des obligations d’état et contribuer ainsi au maintien des taux bas et d’une offre de crédit abondante. Bien sûr les banques ont globalement suivi le mouvement…

Car ces dernières années, et notamment en 2013 et 2014 le marché immobilier est resté globalement atone en raison du contexte économique et du manque de confiance en l’avenir. Ainsi ont-elles dû baisser fortement leurs taux pour continuer à attirer des emprunteurs moins nombreux, et conquérir ainsi de nouveaux clients. Et ce contexte de taux bas devrait durer encore quelques mois… L’opération de « Quantitative easing » va se poursuivre jusqu’en septembre 2016. Et même si la demande semble repartir depuis le début de l’année, les banques ont conscience de l’importance du niveau des taux d’intérêt dans cette reprise et de l’impact négatif que pourrait avoir une telle hausse sur un marché en phase de stabilisation.

Sandrine Allonier