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Taux d'intérêts : où en est-on ? La hausse est-elle durable ?

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La hausse des taux est-elle une simple réaction éphémère des marchés ou marque-t-elle la fin du cycle des taux bas ? La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir. La variable la plus importante à surveiller pour répondre à cette question sera l’inflation.

Alors que les taux d’intérêt avaient baissé de manière régulière depuis plus de 20 ans, ils ont amorcé une hausse sensible au cours du mois d’octobre dernier. À près de 9% en 2011, le taux des emprunts d’État français avait chuté à 0,1% en juillet 2016. Au cours du mois d’octobre 2016, la plupart des taux des pays du G7 ont légèrement remonté.

En France, l’OAT 10 ans (obligation assimilable au trésor) est passée de 0,3% le 23 octobre à 0,8% le 14 novembre (source : Agence France Trésor). Cette hausse peut sembler insignifiante. Elle marque pourtant une progression de plus de 166% en seulement quelques semaines.

Les causes de ces hausses sont diverses. Les marchés ont constaté des résultats macro-économiques plutôt satisfaisants, tant aux États-Unis qu’en Europe. De ce point de vue, le Brexit n’a pas eu les effets négatifs envisagés sur la croissance économique de ces deux blocs.

Mais surtout, les marchés anticipent, à la suite de l’élection de Donald Trump, un phénomène de "reflation", c’est-à-dire un retour de l’inflation du fait d’une politique budgétaire centrée sur la baisse des impôts et l’augmentation des dépenses publiques afin de relancer la croissance.

Pétrole et croissance américaine

La hausse des taux est-elle donc une simple réaction éphémère des marchés ou marque-t-elle la fin du cycle des taux bas ? La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir, disait Pierre Dac. La variable la plus importante à surveiller pour répondre à cette question sera l’inflation.

Deux éléments vont influer sur le niveau de l’inflation à court terme : le prix du pétrole d’une part et la croissance américaine d’autre part. En ce qui concerne le pétrole, l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) s’est engagée le 30 novembre dernier, à réduire la production dans une perspective de maintien (voire de hausse) des prix.

C’est la première fois depuis 8 ans que les membres réussissent à se mettre d’accord sur le sujet. Pour autant, de nombreuses dissensions existent au sein des pays producteurs, et personne ne peut aujourd’hui conclure que la hausse est entérinée à court ou moyen terme.

En ce qui concerne la croissance américaine, il conviendra de voir si la politique budgétaire relancera effectivement la croissance économique. Si tel est le cas, l’inflation repartira à la hausse et la Fed (banque centrale américaine) pourrait augmenter ses taux.

Or, une hausse des taux sur les marchés financiers se traduirait par une hausse des taux des crédits immobiliers. Les acheteurs et investisseurs qui ont un projet immobilier ont peut-être intérêt à ne pas trop reporter leurs décision d’achat.

Pierre Nechelis