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Avis d Experts

Vers la pénurie de biens immobiliers à Paris ?

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Tous les témoignages concordent : Il y a très peu de biens en vente à Paris, et dans une moindre mesure en première couronne.

Trop d’acheteurs, pas assez de biens à vendre.

La baisse des prix, bien que très limitée à Paris, a conduit nombre de propriétaires à retirer leur bien de la vente, ou à renoncer à le présenter pour le moment. De son côté la demande est toujours vive car l’attrait de la capitale reste vif et les acheteurs acceptent de payer le prix, fort, demandé. En conséquence, les agences proposent peu de biens et ceux-ci partent rapidement. La spirale est enclenchée et les acheteurs se décident de plus en plus rapidement, amplifiant le phénomène. Seuls restent longtemps sur le marché les biens présentant un défaut majeur. Mais l’immobilier est une activité fortement saisonnière et le printemps peut voir arriver une offre plus importante qui pourra arrêter le processus.

La demande de biens immobiliers reste forte malgré la crise.

La première conclusion que l’on peut tirer de l’analyse de la situation parisienne, est que la demande reste forte, voir très forte en Île-de-France. On pouvait penser que les prix encore élevés et la médiocre conjoncture économique auraient modéré la vigueur de la demande, il n’en est rien. À mon sens, l’explication tient dans deux fondamentaux. D’une part, la poussée démographique, amplifiée par une hausse encore plus importante du nombre de ménages, n’a pas été équilibrée par la construction de nouveaux logements : Il manque un million de logements en France ! D’autre part, les Français ont acté que le logement était cher, ils admettent de dépenser pour leur habitation plus que les traditionnels trente pour cent.

Pour les professionnels, la pénurie est inquiétante à court terme.

Pour le moment, cette situation semble satisfaire les agents immobiliers. On est sorti du trou noir des six mois de l’hiver 2008-2009. Les ventes se font rapidement et avec un taux d’honoraires satisfaisant. Leur soulagement cache les problèmes à venir. Quand on regarde les vitrines et les sites Internet des agences, on peut constater que certaines ont très peu de biens, souvent partagés avec des confrères, elles ne feront pas beaucoup de chiffres d’affaires avant l’été. Ces agences-là, fragilisées par les difficultés passées, risquent gros si la situation ne change pas.
Par ailleurs, on voit revenir le comportement inflationniste des propriétaires qui face à la forte demande revoit leurs exigences à la hausse. À titre individuel, ils ont raison de maximiser le prix qu’ils peuvent tirer de leur patrimoine, mais cette hausse des prix peut conduire rapidement à un blocage si les acheteurs refusent de suivre.

Avec cette perspective, quelques mauvaises nouvelles sur le front de l’économie ou un durcissement du crédit peuvent suffire pour casser le marché. Les professionnels feraient bien d’être vigilants, on fait plus facilement face à la tempête car on l’a vu venir.

Hervé Parent