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Avec près de 10M de mal logés, la France se paupérise

3,6 millions de mal logés en France, dont 133 000 sdf

3,6 millions de mal logés en France, dont 133 000 sdf - Nastasia Desanti

Alors que le gouvernement se félicitait hier de sa politique du logement, évoquant « une année 2010 record », en termes de constructions et de financement, la Fondation Abbé Pierre dévoile son rapport annuel sur le mal-logement. Et la situation s’aggrave. La Fondation fait état de 8,2 millions de mal logés en France et de 10 millions touchés « de près ou de loin » par la crise du logement.

La Fondation Abbé Pierre tire la sonnette d’alarme. La crise du logement est loin d’être résolue, pire, elle s’aggrave. Les chiffres du mal logement son en augmentation par rapport à l’année dernière. 3,6 millions sont non ou très mal logées en 2010, soit une hausse de plus de 100 000 personnes par rapport à 2009. Le rapport pointe « l’aggravation de la situation des plus vulnérables et le basculement dans la précarité des ménages jusqu’alors protégés ». Ainsi, les classes moyennes, jusqu’alors épargnées, se trouvent elles aussi frappées par la crise du logement. Et celle-ci se manifeste notamment par le problème de la précarité énergétique. 3,4 millions de ménages sont dans cette situation, c'est-à-dire qu’ils consacrent plus de 10% de leurs ressources aux dépenses d’énergie.

Une pauvreté grandissante

Sur les 8,2 millions de mal logés, 3,6 le sont très mal ou pas du tout. L’Insee estime à 133 000 le nombre de sans domicile. A ces chiffres, la fondation ajoute que « 685 000 personnes sont privées de domicile personnel ». Les évaluations de l’Insee et de la Fondation se rejoignent. Et là où l’Institut de statistiques évaluait 3,2 millions de mal logés, la Fondation Abbé Pierre élargit son décompte aux enfants adultes qui reviennent chez leurs parents et aux plus de 60 ans. Les associations, les services sociaux, les dispositifs d’aide au logement pour les démunis voient alors apparaître des publics qu’ils ne connaissaient pas. « Ce sont tous ceux dont les fins de mois se jouent à quelques dizaines d’euros près, parfois en plus, parfois en moins ; tous ceux qui sans être pauvres, vivent dans l’incertitude, sous le régime de l’insécurité permanente », précise le rapport. Le Médiateur de la République estimait ainsi à 15 millions, le nombre de personnes dont les fins de mois se jouent à 50 ou 150 euros près.

Des coûts toujours plus élevés

La crise du logement s’est aggravée, non seulement à cause du coût de la vie, mais aussi à cause du coût des loyers et charges. Le rapport souligne qu’ « au cours des dix dernières années, les prix d’acquisition des logements ont augmentés dans des proportions beaucoup plus importantes que les prix à la consommation (respectivement de 107 % et de 20 % entre 2000 et 2009) ».

Des réponses claires

Face à ce constat, la Fondation déclare « l’état d’urgence » et édite un certain nombre de propositions, qui s’articulent autour de quatre mots d’ordre. Le premier appelle à « produire massivement et sans délai des logements », estimant que les objectifs du gouvernement de construire 120 000 logements pour 2011, sont bien loin d’être suffisants. Le deuxième mot d’ordre exhorte à « maîtriser les prix et réguler les marchés », en redéfinissant des conditions d’octroi et d’aides et en luttant contre la précarité énergétique. « Construire une ville de qualité équitable et durable » est aussi une mesure incontournable pour la Fondation Abbé Pierre tout comme « combattre et prévenir les facteurs d’exclusion et d’inégalités », afin que le prochain rapport fasse état d'améliorations tangibles.

Nastasia Desanti