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Croissance économique : Incertitudes et inégalités

Des prévisions de croissance très inégales

Des prévisions de croissance très inégales - Asterès

La Banque de France a confirmé hier son estimation de croissance économique pour le premier trimestre 2011. Ce maintien conforte le gouvernement dans sa prévision d’une hausse de 2 % du PIB cette année, mais ne convainc pas forcément les économistes. Le cabinet Asterès, lui, insiste sur l’inégalité de la reprise entre les régions.

Christine Lagarde en est convaincue : la croissance de l’économie française confirmera son rebond cette année. La ministre de l’Economie a réaffirmé en début de mois que le PIB français, soutenu par « la reprise de la demande mondiale, en particulier celle émanant de nos partenaires européens », progresserait de 2 % en 2011, après une hausse de 1,5 % l’année dernière. Mais cette prévision est loin de faire l’unanimité. Même après le maintien, hier, des estimations de la Banque de France pour le premier trimestre (+0,8 %, soit le plus fort taux de croissance depuis la sortie de récession, au printemps 2009), les économistes doutent que les projections de Bercy se réalisent. Interrogé par Le Figaro, Jean-Louis Mourier, d’Aurel BGC, estime ainsi qu’« il y a un risque sur la consommation, avec le petit regain d’inflation ». Et si ce n’est pas sur la consommation, c’est sur la balance commerciale que les doutes portent. Karine Berger, économiste chez Euler Hermès, confie au même quotidien que « pour parvenir à faire 2 % de croissance, il faudrait que les exportations tirent la machine ; on n’y est pas encore ! ».

Même son de cloche chez le cabinet d’analyse économique Asterès, dont le président, Nicolas Bouzou, estime que la croissance du PIB français sera « plus proche de 1,5 % que de 2 % cette année ». Interrogé par LaVieImmo.com, l’économiste note qu’« un certain nombre d’incertitudes » continuent de peser sur la croissance, « des prix du pétrole à la croissance de la dette souveraine, en passant par l’accélération de l’inflation, qui devrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à relever ses taux ».

L’affaiblissement du BTP pèse sur la croissance en Bretagne et PACA

Au-delà des incertitudes sur le potentiel de croissance nationale, Asterès met l’accent, dans une note de conjoncture dévoilée mercredi, sur l’inégalité des régions face à la reprise. Le cabinet prédit ainsi que cinq régions approcheront, voire dépasseront, cette année la prévision de croissance de 2 % de l’Etat : la Corse (+2,4 %), Midi-Pyrénées (+2,3 %), l’Île-de-France (+1,9 %), les pays de Loire (1,9 %) et les DOM. A l’inverse, le redressement devrait être « très limité » dans le nord-est du pays, où se concentrent les régions industrielles, les plus durement touchées par la récession. C’est le cas de la Lorraine, où Asterès anticipe une croissance de 0,9 %, très faible au regard des points perdus depuis trois ans. « En fin d’année 2011, le PIB de la [région] sera ainsi inférieur de 3,7 % à son niveau de 2007 », calcule Juliette Hubert, économiste chez Asterès. Situation comparable en Bourgogne (+1,3 % cette année, -1,6 % depuis 2007), en Picardie (+1,4 % en 2011, -1,6 % sur quatre ans), et en Franche-Comté (respectivement+1,2 %, -2,5 %).

Plus proche de la moyenne nationale, Asterès prédit des taux de croissance « relativement faibles » en Bretagne (+1,4 %), dans le Languedoc-Roussillon (+1,5 %), et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+1,5 %). Ces trois régions devraient pâtir de l’« l’affaiblissement d’un secteur qui avait été l’un de leurs principaux moteurs de croissance au cours des années précédentes : le BTP », estime Juliette Hubert.

Emmanuel Salbayre