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Discrimination : Les agents immobiliers à nouveau pointés du doigt

La discrimination toujours présente chez les agents immobiliers

La discrimination toujours présente chez les agents immobiliers - Fotolia

60 Millions de consommateurs publie une enquête exclusive sur la discrimination au logement. Trouver une location en France relève du parcours du combattant si on a un accent étranger, mais également si on est âgé, mère célibataire ou handicapé.

Un « testing » effectué par 60 millions de consommateurs auprès d'agences immobilières montre que les pratiques discriminatoires ont encore la vie dure…

Pour réaliser cette étude, six candidats à la location présentant le même niveau de revenus et de situation professionnelle, mais d'âges et d'origines diverses, ont répondu à 150 annonces immobilières en téléphonant pour prendre rendez-vous. Or, tous n'ont pas obtenu le même accueil, révèle 60 millions de consommateurs.

Si le candidat dit « de référence » - Anne, 28 ans, assistante de direction - a obtenu à chaque fois une réponse positive de l'agence immobilière, la personne s'exprimant avec un accent africain - Babacar, 31 ans, commercial - s'est vu opposer une fin de non-recevoir dans un tiers des cas. Dans 42 % des cas, il a été demandé au candidat fictif s'il gagnait bien trois fois le montant du loyer. Une question posée moins d'une fois sur dix à Anne.

Beaucoup plus de pièces justificatives

Christelle, mère célibataire avec un enfant, n'obtient guère mieux. Quasiment une fois sur trois, elle ne va pas plus loin que le coup de téléphone, tandis qu'Anne, en appelant dans la foulée, obtient systématiquement un rendez-vous. Et lorsque Babacar et Christelle en décrochent enfin un, ils doivent fournir beaucoup plus de pièces justificatives.

Les résultats ne sont guère plus glorieux avec les autres candidats mystères : un jeune sous curatelle (29 % de refus), et une personne âgée de 71 ans (24 %).

« Nous voulions montrer qu'il n'existe pas uniquement des discriminations liées aux origines. L'âge, la situation familiale et le handicap constituent trop souvent des freins pour obtenir un logement, et ce tandis que le marché locatif est déjà particulièrement tendu », explique Lionel Maugain, qui a mené l'enquête pour le magazine.

La situation pourrait être améliorée par la loi sur l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur), en cours de vote au Parlement. Cependant, il n'est pas certain que le Conseil national des professions de l'immobilier, nouvel organe institué par la loi de Cécile Duflot pour chapeauter la profession, ou les réprimandes du défenseur des droits, suffisent à changer la donne, met en garde le magazine.

Dans les affaires de discrimination, il est, en effet, particulièrement difficile d'obtenir des preuves, même si des condamnations peuvent exister (comme ici).

Sacha Mauratille