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Hébergement d'urgence : Le ton monte entre Paris et l'Etat

Les équipes du Samu social

Les équipes du Samu social - Romain NICOLAS - CRF75 - 2010

La Ville de Paris et le gouvernement ne finissent plus de se renvoyer la balle. Après son empoignade virtuelle avec Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, Bertrand Delanoë s’attire les foudres de Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement.

Le débat sur l’hébergement d’urgence tourne à la bataille de chiffres. Deux jours après la démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social – « parce que l’urgence sociale, personne n’y croît » -, l’Etat et la mairie de Paris rivalisent d’interventions et de communiqués pour se renvoyer, à tour de rôle, la paternité de la faute. En cause, l’annonce par le secrétariat d’Etat au Logement, mercredi à l’antenne de France 2, de la suppression de 4 500 places d’hébergement en Île-de-France, et leur remplacement par autant de logements temporaires. Une idée immédiatement dénoncée par Bertrand Delanoë, qui accusait ce matin le gouvernement de « ne pas réaliser l’urgence de la situation ». Le maire de Paris reproche à Benoist Apparu, secrétaire au Logement, de donner « une fin de non recevoir […] aux femmes, hommes et enfants qui se retrouvent aujourd’hui sans aucune solution d’hébergement », en ne leur offrant « des possibilités de logements […] qu’à la fin de l’année ».

Une effort « massif »

La réponse n’est pas venue du Logement mais de la porte-parole du gouvernement. Dans un communiqué diffusé dans le courant de l’après-midi, Valérie Pécresse met l’accent sur « l’effort massif réalisé depuis quatre ans » en faveur « des dispositifs d’hébergement d’urgence (centres d’hébergement d’urgence, places d’hôtels,...), des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et de la veille sociale ». Cet effort s’est « notamment traduit par une progression de la dotation budgétaire de ces dispositifs, puisqu’elle est passée de 670 millions d’euros en loi de finances initiale 2007 à 933 millions d’euros en 2011, et devrait se situer à un niveau similaire en 2012, soit une progression de 39 % au cours du quinquennat ». Au passage, Madame Pécresse s’en prend nommément à Bertrand Delanoë, à qui elle rappelle que les 4 500 nuitées d’hôtel évoquée par Benoist Apparu « ont été non pas supprimées mais transformées en 4 500 places en logement intermédié. Une solution plus durable pour les familles », assure-t-elle.

Une seule solution

Réponse immédiate du berger à la bergère : Bertrand Delanoë déplore en début de soirée que Valérie Pécresse n’ait pas mieux écouté « son collègue du gouvernement […] qui indiquait hier soir sur France 2 que ces logements ne seraient créés au mieux qu'à la fin de l'année 2011 ». Et d’ajouter que « pour héberger ces familles à la rue, il n'y a qu'une seule réponse d'urgence à apporter : redonner immédiatement au Samu social les crédits nécessaires à son fonctionnement ». Une référence directe à la baisse des budgets accordés à l’association, financée à plus de 90 % par l’Etat.

La suite de cet échange, vraisemblablement, d’ici la fin de la semaine… Unanimement déplorée par les associations comme les responsables politiques, la démission de Xavier Emmanuelli aura au moins eu pour effet de remettre la question de l’hébergement d’urgence au centre des débats. Reste à savoir jusqu’à quand, et avec quels effets.

Darius Kachani et Emmanuel Salbayre