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Immobilier

Immobilier et emploi font-ils mauvais ménage ?

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Une étude de deux économistes américains établit un lien entre taux de propriétaires et taux de chômage. Vers une France de locataires ?

Accéder à la propriété nuirait-il à l’emploi ? Dans une étude* qui promet de faire grand bruit, les économistes du Peterson Institute for International Economics avancent qu’« une hausse du taux de propriétaires dans un Etat américain [donné] peut être un signe annonciateur d’une forte progression du chômage au sein de ce même Etat ». Pis, un doublement du premier entraînerait, « à long terme », une progression plus que proportionnelle du second. Non pas que les propriétaires soient moins employés que les locataires mais en raison de ce que les auteurs de l’étude, David Blanchflower et Andrew Oswald, nomment les « externalités négatives » du marché de l’immobilier.

Conservatisme

Les deux économistes démontrent ainsi qu’un accroissement du taux de propriétaires réduit la mobilité des salariés en même temps qu’elle accroît leur temps, et coût, de transport. Moins intuitif mais tout aussi néfaste : une tendance au conservatisme semble se développer dans les Etats à fort taux de propriétaires, lesquels se montreraient réfractaires à l’implantation dans leur secteur de nouvelles entreprises dont ils pourraient subir les nuisances – grands bâtiments, usines, stades etc. Ces mécanismes, dont les deux auteurs reconnaissent qu’ils méritent d’être étudiés de plus près, ne se mettraient en place que très progressivement, ce qui expliquerait selon eux pourquoi le phénomène n’a pas été mis en lumière plus tôt.

En l’état, l’étude ne s’intéresse qu’aux seuls Etats-Unis. Ses conclusions pourraient cependant s’appliquer à d’autres marchés et, comme le précisent ses auteurs, permettre de mieux appréhender les différences entre des pays comme l’Espagne, qui compte 80 % de propriétaires et plus de 20 % de chômeurs, et la Suisse, où ces taux ne sont que de 30 et 3 % respectivement. Au passage, elle devrait consoler ceux que l’échec de la France de propriétaires souhaitée en son temps par Nicolas Sarkozy aurait déçus. Pour mémoire, l’hexagone compte un peu plus de 58 % de propriétaires et près de 11 % de chômeurs.

*Does High Home-Ownership Impair the Labor Market?

Emmanuel Salbayre