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Italie : 800 millions de biens immobiliers mafieux saisis

Vue panoramique du centre ville de Naples

Vue panoramique du centre ville de Naples - Wikimédia

800 millions d’euros de biens immobiliers liés à la Camorra ont été saisis par la police italienne aujourd’hui, dans les environs de Naples.

Un beau coup de filet, voilà ce que la police italienne a réalisé aujourd’hui, mardi, en saisissant des dizaines d’immeubles, d’entreprises et de restaurants, dont la valeur totale représenterait près de 800 millions d’euros, comme le rapporte l’AFP. Tous ces biens immobiliers appartiennent à un entrepreneur napolitain, Angelo Simeoli, un homme d’une soixantaine d’années proche de la Camorra, une mafia présente depuis le XIXe siècle dans la région de Campanie. Connue pour sa violence, cette organisation s’est illustrée par ses activités d’extorsion, de contrebande, de jeux illégaux et de trafics depuis des décennies. D’après l’Eurispes, l’équivalent de l’Insee italien, elle brasserait chaque année des milliards d’euros entre la drogue, les trucages d’appels d’offre, les armes, ou encore la prostitution. M. Simeoli aurait travaillé pour plusieurs clans de la Camorra, notamment pour le Casalesi, l’un des groupes les plus puissants, situé dans le nord de la ville.

Du blanchiment d’argent depuis les années 1980

D’après le colonel Roberto Prosperi, chargé de l’enquête et interrogé par l’AFP, le patron des biens saisis « blanchissait de l’argent sale dans le bâtiment depuis 1980 ». Grâce à l’argent que les clans lui confiaient, il achetait des terrains, afin d’y « construire des complexes immobiliers illégaux ». La police surveille l’homme depuis maintenant plus de deux ans, et durant tout ce laps de temps, elle a réussi petit à petit à reconstituer l’ensemble de l’imposant empire de M. Simeoli, qui comporte entre autres 1069 bâtiments, 32 sociétés de construction, ainsi qu’une petite centaine de terrains. Pour ses entreprises, il utilisait pas moins de 55 hommes de paille, et a donc œuvré relativement discrètement depuis déjà une bonne trentaine d’années.

Assigné à résidence, mais pas arrêté

Âgé de 65 ans, Angelo Simeoli n’a pas été arrêté et n’ira probablement pas en prison, à cause d’une maladie du cœur chronique, comme l’indique Roberto Prosperi. Un jugement est néanmoins prévu, pour lui comme pour sa cinquantaine de complices, et aura normalement lieu d’ici un an. Le colonel note de plus que le suspect possède d’autres biens qui n’ont pas encore été saisis, potentiellement situés à l’étranger. L’enquête, démarrée à partir de témoignages de « repentis », hommes qui ont accepté de briser l’Omertà, la loi du silence, a permis « pour le moment de trouver des comptes en Suisse ». Pourrait-on atteindre le milliard saisi ?

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Laura Makary