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Immobilier

"L'immobilier devient un investissement très "inconfortable" !"

Laurent Demeure, président de Coldwell Banker

Laurent Demeure, président de Coldwell Banker - dr

Tribune à Laurent Demeure, président du réseau immobilier Coldwell Banker France & Monaco.

Bien que le secteur de l'immobilier soit déjà dangereusement impacté par un très net repli des transactions, les pouvoirs publics envisagent de nouvelles mesures qui vont, une fois encore, faire chuter l’intérêt de l'investissement immobilier !

Bien que le secteur de l'immobilier soit déjà dangereusement impacté par un très net repli des transactions, les pouvoirs publics envisagent de nouvelles mesures qui vont, une fois encore, faire chuter l’intérêt de l'investissement immobilier !

Quand hausse de TVA va rimer avec dégradation du parc locatif…

Hausse de la fiscalité locative, plafonnement des loyers, hausse du coût des travaux… Cela commence à faire un peu beaucoup pour un seul secteur ! La dernière hausse envisagée de la TVA à 10% dans le bâtiment (à partir de 2014) va engendrer un renchérissement du coût des travaux de rénovation et d'entretien des biens. Nul doute, en effet, que cette mesure va inciter de nombreux bailleurs à renoncer à des travaux, pourtant programmés pour améliorer les conditions de vie de leurs locataires. Sans compter que cette hausse de la TVA porte également un coup dur à l'emploi du secteur du bâtiment, incitant certains propriétaires à faire appel au travail dissimulé dans le but de réduire leurs frais. Ces pressions supplémentaires risquent de décourager pour longtemps de potentiels investisseurs immobiliers ; Un phénomène qui, dans la durée, affectera donc directement les locataires qui assisteront à une hausse des prix des loyers (pour des appartements de moindre confort ), non pas liée à la hausse des coûts de rénovation, mais liée au phénomène de rareté des biens à louer en raison de l'appauvrissement du parc locatif...

L'immobilier est loin d'être un investissement « confortable »…

L'immobilier a été qualifié d'investissement "confortable" par Louis Gallois, dans le but de rendre légitimes de futurs nouveaux impôts immobiliers. Un raisonnement qui traduit la méconnaissance de la réalité économique de l'investisseur immobilier ! Ce dernier est, en effet, avant tout un entrepreneur qui offre une prestation de service de logement et qui prend un certain risque en orientant son choix vers ce secteur. Le risque est, certes, moins important qu'un investissement réalisé au sein d’une startup, mais bien plus élevé qu’un placement effectué dans l'assurance vie (sortie indemne du tour de vis fiscal du gouvernement français !) qui garantit, en plus, un rendement positif ou sur un livret A qui est un investissement à zéro risque et à zéro fiscalité.

Si de nombreux entrepreneurs choisissent d'investir dans l'immobilier locatif, c'est parce qu'il existe une forte demande due au déficit de logements et à la croissance de la population. Comment blâmer des entrepreneurs qui se tournent vers un marché porteur, malgré ses risques, ses incertitudes et son instabilité fiscale et qui ne garantit aucune visibilité à long terme ?

La pierre est un investissement à risque car l’immobilier locatif est l’un des rares secteurs dans lesquels on continue de fournir une prestation, malgré l'interruption des paiements de son client, engendrant ainsi un risque financier important pour l'entrepreneur ! Un secteur surtaxé et pour lequel le rendement annuel est passé, en 10 ans, de 6% à 4%, avant impôts, ce qui ramène le rendement net à 1.5% maximum... Par ailleurs, l’augmentation forte des mises aux normes peut transformer ces 1.5% en rendement négatif. L'entrepreneur fait également face à des risques tels que les loyers impayés, la charge imprévue de gros travaux ou encore la vente à perte due aux cycles du marché de l'immobilier. Pour cette raison, les investisseurs institutionnels (banquiers et assureurs, les fameux « zinzins ») ont, pour la plupart, abandonné aux investisseurs particuliers l'achat d'immobilier résidentiel car ils considèrent les rendements trop faibles et la réglementation locative trop contraignante.

Le Capital risque n’est pas fait pour la veuve de Carpentras !

Alors pourquoi critiquer ceux qui choisissent d'investir dans l'immobilier dans un pays qui manque cruellement de logements ? Posons-nous la question de savoir qui sont ces investisseurs qui optent pour un placement à risque modéré et qui cherchent le plus souvent à s’assurer un complément de retraite…

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