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La porte-parole de Hollande s'accroche à son logement social

Delphine Batho en 2007

Delphine Batho en 2007 - David.Monniaux/Wikimedia Commons

Delphine Batho loue depuis 2001 un appartement du parc immobilier de la ville de Paris pour 14 euros du mètre carré – soit 30 % moins cher que la moyenne de marché.

Il est des locataires dont on se défait difficilement… Le Monde revient mercredi sur le cas de Delphine Batho, députée PS des Deux-Sèvres et porte-parole de François Hollande pour l’élection présidentielle, logée depuis un peu plus de dix ans dans un appartement de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP).

Situé dans le 19ème arrondissement, le logement en question développe une surface de 108 mètres carrés ; Delphine Batho le loue 1 524 euros par mois, indique le quotidien. Soit à peine un peu plus de 14 euros du mètre carré, quand celui-ci se négocie 19,50 euros en moyenne dans l’arrondissement. « Mme Batho […] justifie son occupation d’un logement de la RIVP en arguant du fait que « des locataires avec des revenus nettement supérieurs [aux siens] ne paient pas de surloyer pour le même type de logement », » indique Le Monde. La députée, elle, « acquitte [un surloyer] après en avoir fait la demande à son bailleur ».

Un cas loin d’être isolé

Le fait qu’une personnalité politique puisse encore occuper un logement du parc immobilier de la ville de Paris étonne. D’autant que le cas de Delphine Batho est loin d’être isolé. On se souvient du bruit causé, fin 2007, par « l’affaire Bolufer », du nom du directeur de cabinet de Christine Boutin à ses débuts au ministère du Logement, dont Le Canard Enchaîné avait révélé qu’il louait un appartement de 190 mètres carrés dans le quartier de Port Royal pour seulement 6,30 euros du mètre carré (contre 20 à 30 euros en moyenne à l’époque). Au cours des mois suivants, les cas de plusieurs élus ont été cités dans la presse, dont ceux de Sandrine Mazetier, députée PS, et de Jean-Pierre Chevènement. Si la première a quitté son logement depuis, le sénateur du territoire de Belfort, lui, occupe toujours son appartement de 120 mètres carrés rue Descartes, dans le 5ème. Il le loue 1 519 euros par mois soit, là aussi, un niveau très en deçà des loyers payés du marché privé - moins de 13 euros du mètre carré contre une moyenne de 26,5 euros dans l’arrondissement.

« La place d’une famille modeste »

Le Monde rappelle que ces situations ne sont pas illégales. Elles n’en sont pas moins dérangeantes. A l’automne dernier, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, expliquait au quotidien qu’il avait « besoin de logements pour les Parisiens dont les revenus justifient qu’ils y aient accès. Dès lors que M. Chevènement rendra son logement du parc social de la ville de Paris, il pourra être attribué à une famille réellement éligible », avait-il ajouté. Même si l'écart de loyer est moins spectaculaire dans son cas, ce commentaire qui pourrait également s’appliquer à Delphine Batho, dont la RIVP estime qu’elle loue un appartement qui « pourrait bénéficier à une famille plus modeste », indique le quotidien.

Selon le Figaro, la porte-parole de François Hollande a évoqué « un amalgame injustifié », estimant ne pas être « locataire d'un logement social », mais d'un« logement intermédiaire (PLI) qui ne relève pas de la loi SRU [...] J'habite un quartier populaire et je n'ai pas de patrimoine. Je respecte la loi et c'est à mon initiative que je paye un surloyer alors que rien ne l'exige», a-t-elle ajouté.

Au mois de juin, la régie confiait à LaVieImmo.com ne disposer que « d’une marge d’action très limitée pour reprendre le bail » de ses locataires. « Ce sont les mêmes conditions de droit commun qui s’appliquent pour tout locataire ». Et si les politiques concernés ont bien été invités à résilier leur bail, « cette action n’a suscité aucune réponse positive », conclut Le Monde, citant l’organisme…

Emmanuel Salbayre