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Immobilier

Le mal logement gagne du terrain

Les familles à faibles revenus consacrent 40 % de leur salaire au logement

Les familles à faibles revenus consacrent 40 % de leur salaire au logement - dr

Les inégalités face au coût du logement se sont creusées ces dix dernières années, selon l’édition 2010 du « Portrait Social » de l’Insee sortie aujourd’hui. Cette analyse est publiée alors même que la Fondation Abbé Pierre lance sa nouvelle campagne contre le mal logement, baptisée « carton rouge ».

La part que consacrent les ménages aux dépenses de logement (loyers, remboursements d’emprunt, charges) a augmenté ces dix dernières années. D’après le rapport, « les taux d’effort nets des locataires du secteur privé sont ainsi passés de 24,6 % en 1996 à 26,7 % de leurs ressources en 2006. Cette hausse des dépenses de logement a aussi concerné les locataires du secteur social et les accédants à la propriété». Ces dépenses se font plus lourdes pour les ménages à faibles revenus. « Les dépenses de logement captent près de 40 % des ressources des ménages à faibles ressources, accédants et locataires du secteur privé ». C’est cinq points de plus qu’en 1996.

Une hausse des loyers

L’augmentation des dépenses pour le logement est en partie due à la hausse des loyers depuis les années 2000. Le loyer au mètre carré a augmenté pour tous, des locataires à faibles ressources dans le parc social à ceux, plus aisés, dans le parc privé. Pour les locataires sociaux, l’alourdissement des dépenses de logement dans le budget (de 2,7 points) est lié à leurs revenus : ces derniers ont augmenté environ deux fois moins vite que ceux de leurs homologues du parc privé en l’espace de 10 ans. « Les dépenses de logement des locataires sociaux ont augmenté davantage que leurs revenus et davantage que les aides au logement, soit des dépenses nettes en logement en progression de 25 % en 10 ans ». On peut penser que le coût croissant du budget des ménages accordé au loyer est aussi dû à l’augmentation de la surface d’habitation depuis 1996 (+ 4,5 mètres carrés pour les faibles revenus et +2,5 % pour les autres groupes). Or, l’étude précise que l’évolution du parc de logements (qualité, surface, localisation, etc.) n’explique que 13 % de la croissance des loyers. L’essentiel de l’évolution est attribuée à une augmentation générale des prix.

Carton rouge pour le mal logement

La fondation Abbé Pierre, qui suit de très près ces questions avait publié début février un rapport annuel alarmant sur le mal logement. Elle a lancé le 16 novembre une campagne d’information et de sensibilisation sur cette situation qui touche 3,5 millions de personnes en France auxquels s’ajoutent 7 millions susceptibles à tout moment d’y basculer. L’opération « Carton-Rouge », parrainée par Éric Cantona et ses frères, rappelle les demandes de la Fondation comme avoir « un quota minimum de 30 % de logements à loyers accessibles aux plus modestes » ou « rendre le coût du logement abordable ».

Nastasia Desanti