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Le mal-logement s'installe en France

15 millions de personnes plus ou moins en situation de mal logement

15 millions de personnes plus ou moins en situation de mal logement - Fotolia

Plus de 15 millions de personnes sont touchées par la crise du logement en France, s'alarme la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel publié jeudi.

Hausse du nombre de personnes sans domicile, renonçant à se chauffer, ou contraintes de vivre chez des tiers : de nombreux indicateurs sont au rouge, indique ce bilan, dont les principaux chiffres avaient été dévoilés en décembre.

Au total, 3,8 millions de personnes sont mal-logées et près de quatre fois plus - 12,1 millions - sont "fragilisées" selon la fondation. Soit "15 millions de personnes touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement", a souligné Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre en conférence de presse. 141.500 personnes sont par ailleurs à la rue, à l'hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d'hébergement.

Plus de 2 millions de foyers sans eau courante

En outre, près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles, dont 2,1 millions ne possèdent pas d'eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou vivent dans un immeuble à la façade très dégradée. Et 934.000 personnes vivent en "surpeuplement accentué" c'est-à-dire qu'il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+17% entre 2006 et 2013).

Pour Christophe Robert, "il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires". Le taux d'effort net moyen (loyer + charges - allocations logement) des ménages les plus pauvres atteint ainsi 55,9 %, plus de trois fois supérieur à la moyenne (17,5 %). Et l'extrême pauvreté, c'est-à-dire les personnes touchant moins de 40% du revenu médian (660 euros par mois et par unité de consommation), qui avait diminué entre 1996 et 2002, est repartie à la hausse.

Objectifs de construction "loin d'être satisfaisants"

Si la fondation se félicite de "certaines avancées", comme le chèque énergie qui doit remplacer en 2018 les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz pour les ménages modestes, elle constate que certains engagements politiques "ont été tout simplement reniés". C'est le cas de la garantie universelle des loyers (GUL), une des mesures phares de la loi Alur votée en 2014 puis abandonnée car jugée trop coûteuse au profit de Visale, une garantie locative au champ plus restreint qui entre en vigueur le 1er février.

Quant à certains objectifs annoncés comme la construction de 500.000 logements par an, dont 150.000 logements sociaux, ils "sont bien loin d'être atteints", conclut le rapport, qui exhorte les pouvoirs publics à agir, en particulier en construisant des logements, et surtout des logements sociaux accessibles aux ménages les plus modestes.

Avec AFP

Léo Monégier