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Les solutions de relogement de Boutin laissent sceptiques les associations

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Dimanche, prendra fin la trêve hivernale des expulsions locatives, échéance redoutée par beaucoup d’association en ce contexte social particulièrement tendu.

Et si elle les voulait rassurantes, les déclarations faites jeudi par la ministre du Logement Christine Boutin sur « l’obligation de proposer une solution de relogement ou d’hébergement avant toute expulsion » n’ont pas convaincu.

Dénonçant une « inflation locative record » : plus de 40% en 10 ans – un phénomène aggravé par ailleurs par une progression spectaculaire du chômage – un collectif d’une trentaine d’associations maintient sa demande de moratoire sur les expulsions, seule mesure pouvant éviter « de nouvelle catastrophes sociales ». Une demande formulée depuis le 4 mars, et qui fédère notamment les Enfants de Don Quichotte, la Confédération Nationale du Logement (CNL), ou le Secours Catholique.

« Déclarations d’intention généreuses » La Fondation Abbé Pierre a aussitôt réagi au discours de Christine Boutin, qualifiant ses propos de « généreux mais peu concrets ». Selon l’association en effet, cette annonce « prend (enfin) en compte ce que la loi relative au Droit au logement opposable [DALO] impose depuis deux ans déjà », mais reste « en décalage avec la réalité ». De plus, ces mêmes promesses auraient « déjà été faites en janvier 2008 par le Premier ministre ». Interrogé par Lavieimmo.com, Robert Burkel, directeur adjoint de la direction Action France et Institutionnelle au Secours Catholique évoque quant à lui des « déclarations d’intention généreuses », mais tient à rappeler que le contexte juridique des expulsions locatives n’est absolument pas modifié. De même, la loi Boutin est venue, entre temps, dégrader le sort des locataires menacés d’expulsion, puisque, « après commandement de payer, le délai limite d’application de l’expulsion sera réduit de 3 ans à 1 an ». « Il ne faut donc pas faire de contresens : il s’agit seulement d’un appel à l’activisme des préfets, à l’attention de personnes qu’on devra continuer à expulser… ». Au moins, cette prise en compte particulière des locataires en proie à l’expulsion aura l’avantage de ne pas alimenter l’effectif déjà considérable des ménages éligibles au DALO, tempère Robert Burkel.

Les associations réunies en collectif ont d’ores et déjà annoncé la création d’un comité de vigilance, afin d’assurer une veille des menaces d’expulsions locatives. Une manifestation est prévue dimanche, en réaction à la fin de la trêve hivernale, et sera suivie lundi d’une opération à l’initiative de l’ensemble des groupes Emmaüs de la région parisienne. Ceux-ci viendront, place de la République, disposer sur la voie publique « une montagne de matelas pour manifester leur indignation face à la reprise des expulsions et symboliser les actes violents qui se préparent contre les plus faibles ».

A.R.

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