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Chine : Après le boom, le krach ?

La bulle a-t-elle explosé en Chine ?

La bulle a-t-elle explosé en Chine ? - dr

Chute des transactions, fermetures d'agences immobilières, baisse de prix des appartements généralisée dans les grandes villes, l’immobilier chinois entre dans une sévère dépression. Aux répercussions encore incertaines...

Le marché immobilier chinois résistera-t-il ? Les prix des logements sont en baisse dans près de la moitié des plus grandes métropoles chinoises en novembre, selon le Bureau d'Etat des Statistiques (BES). Les prix moyens à Shanghai, par exemple, montrent une contraction de 40 % par rapport à leur pic observé à la mi-2009. Il ne faut plus compter en moyenne que 176 000 dollars (133 400 euros) pour un 90 mètres carrés, constate le Los Angeles Times.

Les ventes sont également en berne, entraînant la fermeture de plus de 1 000 agences immobilières cette année, expose le quotidien. En novembre dernier, le quotidien chinois Xinjing Bao rapportait que quelque 120 000 biens restaient invendus sur le mois. Un phénomène qui a engendré des pratiques pour le moins inhabituelles, dans ce marché en proie il y a quelques semaines encore à une vive spéculation : à Wenzhou, ville de l’est du pays où la baisse des prix est des plus conséquentes (-5 % sur un mois, selon le BES), un réseau s’est ainsi mis en tête d’offrir une BMW à tout acquéreur d’un bien immobilier qui passerait par ses services...

Des appartements décotés de 25 %

Conséquence de ce retournement du marché, de nombreux propriétaires se sont retrouvés avec un bien décoté, quelques mois seulement après l’acquisition de celui-ci. Le quotidien californien évoque ainsi le cas d'un ingénieur en informatique, qui avait acheté en août dernier un appartement neuf de trois pièces à Shanghai pour 275 000 dollars, avant que le promoteur ne casse les prix de 25 % afin d'espérer attirer la clientèle en novembre. Depuis quelques jours, c’est avec des centaines d’autres personnes dans le même cas qu’il manifeste sa colère, devant les murs de son promoteur. En vain.

Le gouvernement chinois n’a pas pourtant fait l’économie de mesures durant la bulle, anticipant largement la crise. Mais les restrictions dans l’octroi d’un crédit ou la limitation des acquisitions immobilières à un seul bien pour décourager les spéculateurs, n’ont guère suffit à endiguer la tendance.

Scénarios de crise

En cas de krach immobilier, plusieurs scénarios sont envisagés. Les inquiétudes se portent en premier lieu sur les matières premières, à l’échelle mondiale. Le boom de la construction dans l’empire du Milieu ayant contribué à développer le minerai de fer au Brésil ou le cuivre au Chili. Mais la crise pourrait également « entraver une économie sur laquelle le reste du monde lorgne, en termes de nouveaux consommateurs et d’opportunités d’investissement », explique le Los Angeles Times.

Pour autant, des observateurs estiment que ses effets pourraient être contenus. D’abord parce que des centaines de millions de Chinois ruraux projettent de s’installer dans les villes, ce qui devrait aider à soutenir le secteur immobilier. Enfin, parce que le niveau d'endettement des ménages qui accèdent à la propriété est largement inférieur à celui, par exemple, des ménages américains avant la crise de 2008. Ce qui éloigne le risque d'une crise du crédit analogue.

Léo Monégier