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Élu président, Trump sera-t-il à même de gérer ses affaires?

Donald Trump possède un empire financier

Donald Trump possède un empire financier - Andrew Walker

Après l'élection de Donald Trump, une question centrale se pose: comment le futur président des États-Unis va-t-il pouvoir continuer à s'occuper de ses affaires? Gérer ses activités tout en pilotant la première puissance économique mondiale paraît difficilement envisageable.

Donald Trump ne sera pas un président comme les autres. L’homme d’affaires à la tête d’un véritable empire financier est devenu dans la nuit du 8 au 9 novembre 2016 le premier milliardaire à être élu à la Maison Blanche. Au travers de son conglomérat The Trump Organization, le magnat possède notamment des terrains de golf, des hôtels de luxe, des immeubles de bureaux, des tours résidentielles ou encore des villas. Il estime lui-même sa fortune à plus de 10 milliards de dollars, loin des 3,7 milliards avancés par le magazine Forbes.

Un profil hors norme pour le 45ème président des États-Unis, souvent comparé à l'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, personnage charismatique et controversé ayant lui aussi largement fondé son succès politique sur la réussite de son business. Bien sûr, les Américains avaient déjà élu par le passé d’anciens dirigeants dotés d’une expérience managériale, à l’image de George W. Bush qui a fondé la compagnie pétrolière Arbusto Energy ou de Herbert Hoover (1929-1933) qui a dirigé une activité minière. Mais à la différence de Trump, ils avaient tous les deux fait de la politique avant d’accéder au pouvoir.

Au-delà de ces considérations sur la richesse de leur CV, on peut se demander si Donald Trump pourra continuer à développer ses activités personnelles tout en pilotant la première puissance économique mondiale. À première vue, on peut imaginer que ses enfants, déjà bien impliqués dans les affaires de leur père, vont progressivement prendre la relève. Donald Jr., le fils aîné du milliardaire, n'est autre que le vice-président exécutif de la Trump Organization. Éric, son autre garçon, et sa fille Ivanka, dirigent la partie développement et acquisitions du groupe. Quoi qu'il en soit, l’enjeu est important, d’autant que la campagne menée par Trump a pesé sur certains de ses actifs. Sans compter la pétition lancée par des habitants pour retirer le nom Trump des façades d'immeubles que le nouveau président a fait construire par dizaines à New York.

"Trump peut faire ce qu'il veut en tant que président"

Dès lors, une question centrale se pose: comment concilier vie politique et intérêts personnels? "L'empire financier de Trump, qui est à la fois dirigeant d'entreprise, administrateur, directeur ou membre d'environ 480 sociétés et associations, devrait poser un problème éthique sans précédent dans l'histoire de la constitution américaine", écrivait mardi le journal The Scotsman avant les résultats de l'élection présidentielle, se demandant justement ce qu'allaient devenir les activités du futur président en Écosse.

Que dit la loi américaine sur ce point? Visiblement pas grand chose, si l'on en croit la presse américaine. Dans la loi fédérale américaine, aucune mesure n'oblige un président ou un vice-président à liquider ses actifs ou à déléguer ses pouvoirs, souligne le quotidien écossais. Après tout, les présidents Jimmy Carter, Ronald Reagan et Bill Clinton avaient signé une convention visant à placer leurs investissements personnels dans une entité juridique séparée via un fonds fiduciaire, "mais comme l'a démontré l'incroyable bataille à laquelle se sont livrés Trump et Clinton, la convention n'a pas sa place en 2016", précise The Scotsman.

Richard Painter, qui fut conseiller juridique de la présidence de George W. Bush, a de son côté déclaré que "M. Trump allait continuer à gérer ses affaires tout en exerçant son mandat (...). Il peut faire ce qu'il veut en tant que président, même en cas de conflits d'intérêt". Le seul obstacle juridique auquel Trump pourrait faire face est la clause d'émolument, "une mesure obscure de la constitution américaine qui interdit aux fonctionnaires d'accepter de l'argent ou des dons de gouvernements étrangers sans l'accord du Congrès", souligne le spécialiste.

Julien Mouret