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Hong Kong : Pour 125€/mois, une cage

Vue de Hong Kong

Vue de Hong Kong - Wikimedia Commons

Les travailleurs pauvres de la région administrative autonome vivent dans des conditions déplorables. Associated Press (AP) a suivi l’un d’entre eux, contraint comme quelque 100 000 autres de dormir dans une « cage en métal »…

A 67 ans, Leung Cho-yin paie 1 300 HKD (125€) pour son logement de fortune : l’une des dizaines de cages en métal d’un appartement au cœur d’un quartier pauvre de la ville, West Kowloon. D’une surface de 1,5 m², ces micro-espaces sont empilés les uns sur les autres, pour loger le plus de monde possible. Leung et ses colocataires n’ont pas de matelas, et sont obligés d’installer des planches de bambou ou même des morceaux de linoléum en guise de sommiers « pour éloigner les puces », indique AP.

Cet ancien boucher d’expliquer, résigné : « On ne peut rien y faire. Je dois vivre ici. Je dois survivre ». L’homme, seul et sans enfants, ne souhaite pas quitter ses compagnons et n’ose même plus rêver une vie ailleurs. Ses revenus : l’aide gouvernementale, de 4 000 HKD, soit 385 euros ; loyer déduit, il lui reste 8,5 € par jour. Loin du revenu médian à Hong Kong, de 1 160 euros selon le Hong Kong Council Of Social Services.

Pour retrouver les prix des loyers au m² en France, cliquez ici.

100 000 personnes dans des « cages »

Les conditions de vie de Leung n’ont rien d’exceptionnel. Ils sont pas moins de 100 000 à vivre ainsi au sein de l’ancienne colonie britannique, selon la Society for Community Organization, une ONG hongkongaise citée par l’agence de presse. La plupart du temps des hommes, célibataires et âgés. Mais les familles ne sont pas épargnées : Lee Tat-fong, 62 ans, élève seule ses deux petits-enfants dans un appartement de 4,6 m², après la disparition de leur père. Leur mère, Chinoise, n'a pas reçu le permis de s'installer à Hong Kong.

Les laissés pour compte du boom immobilier sans précédent qu’a connu Hong Kong ces dernières années. Les prix des logements ont en effet bondi de 23 % en 2012, et doublé par rapport à 2008, provoquant l’indignation d’une bonne partie de la population. Résultat de cette spéculation, aujourd'hui, même les garages se négocient à prix d'or.

Avoir un logement décent tient de l’exceptionnel à Hong Kong, comme l’a rappelé le chef du gouvernement, Leung Chun-ying, qui a promis de relancer la construction de logements abordables : « de nombreuses familles doivent s’installer dans des appartements plus petits ou plus vieux, ou même ans des usines », a-t-il déclaré.

A l'heure actuelle, un tiers des quelque 7,1 millions d’habitants résident dans des logements sociaux et 210 000 personnes sont en attente d’un logement social.

Léo Monégier