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Quand l'immobilier tue l'Histoire...

Beyrouth

Beyrouth - Yoniw/Wikipedia

Des vestiges archéologiques vieux de 3000 ans ont été détruits mardi dernier à Beyrouth, au Liban, dans le but de récupérer la zone pour y construire des logements de luxe. Un projet qui a provoqué un tollé général, comme le montre cette vidéo.

Depuis déjà de nombreux mois, la polémique gronde au Liban, au sujet de vestiges d’un chantier naval datant de la Phénicie du Ve ou Vie siècle avant notre ère. Ces dernières sont sur la sellette, car une agence immobilière nommée « Venus Real Estate Development Co » s’est rapidement intéressée au terrain sur lequel le chantier archéologique était dressé, d’après les informations de Libnanews.com. La bataille entre promoteurs immobiliers et amoureux de l’histoire s’est rapidement engagée, les premiers avec la volonté tenace de construire trois tours dans lesquels seraient installés des logements de luxe, les seconds avec l’espoir d’empêcher la destruction de ces vestiges inestimables.

Une mobilisation importante

Ce port phénicien, situé dans le quartier de Minet el-Hosn, à Beyrouth, est un véritable trésor archéologique, puisque sa construction remonte à plus de 3000 ans. Etendus sur plus de 1000 m², ces vestiges représentent selon Jean Yves Empereur, directeur de recherche au CNRS cité par Libnanews.com, une « découverte unique qu’il convient de préserver et de mettre en valeur, afin que les générations à venir puissent admirer la grandeur des réalisations de leurs ancêtres, les pionniers du commerce maritime en Méditerranée ». La majorité des scientifiques et chercheurs commencent à se mobiliser, dans l’espoir de préserver au mieux ce port phénicien si particulier. L’AFP cite l’archéologue Martine Francis, qui se déclare dégoûtée : « je ne comprends pas comment un site de 3000 ans peut être pulvérisé en une heure et demie ». La protection des vestiges était à ce moment assurée par Sélim Wardy, ancien ministre de la culture, qui a proposé de déplacer tout bonnement l’une des futures tours.

Des manifestations organisées, en vain

Cependant, lorsque Gaby Layoun, prend la place de M. Wardy à la tête du ministère de la culture, un nouveau comité prend en charge le site, et déclare qu’il n’a en fait que très peu d’importance historique, ce ne serait « qu’une carrière ancienne », comme il l’a déclaré à l’AFP. Malgré une grande manifestation pacifiste organisée par L’association pour la préservation du patrimoine libanais (APPL) le 22 juin dernier, c’est le promoteur immobilier qui l’emporte. Les vestiges ont été définitivement détruits mardi dernier, le 25 juin, provoquant la colère des amateurs d’archéologie. Jusqu’au bout, ils ont cru au miracle, d’autant plus que cette démolition est loin d’être la première au Liban. Entre amour de l’histoire et profit immobilier, il semble que le choix ait malheureusement été fait.

La vidéo qui explique la polémique :

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Laura Makary