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Prix immobilier

Le 11ème arrondissement cherche des biens à vendre

La place Voltaire, coeur du 11ème arrondissement

La place Voltaire, coeur du 11ème arrondissement - dr

Le marché immobilier du 11ème arrondissement est dynamique. Très dynamique même puisque les transactions immobilières s’y nouent très rapidement, parfois en quelques heures à peine. Zoom sur un quartier de plus en plus prisé, où les biens se font rares.

Ils n’ont « jamais vu ça ! ». Les agents immobiliers du 11ème arrondissement sont unanimes : la situation est inédite. Car s’ils sont habitués à recevoir un grand nombre d’acquéreurs, il leur faut compter depuis quelques mois avec une offre réduite comme peau de chagrin. « En près de quinze ans de métier, je n’ai jamais vu une telle disproportion entre la demande et le stock de logements disponibles, confie David Gourdon, responsable de l’agence Connexion Immobilier Voltaire, à proximité de la station Oberkampf. Jusqu’à la crise financière de 2007, on trouvait beaucoup de biens - maintenant on travaille à flux tendu ». La crainte d’une baisse des prix et les difficultés à obtenir un prêt relais semblent avoir éloigné durablement les propriétaires du marché, réduisant mécaniquement une offre déjà structurellement supérieure à la demande.

6 400 euros/m² en moyenne

Si le schéma est classique pour le centre des grandes villes, et plus encore pour Paris, les conséquences de ce décalage en termes de prix sont d’autant plus frappantes que le 11ème arrondissement était, il n’y a pas si longtemps, réputé abordable. Une époque révolue puisque, selon le dernier pointage de la Chambre des Notaires de Paris – Île-de-France, le mètre carré s’y négocie désormais à un peu plus de 6 400 euros en moyenne, un niveau jamais atteint auparavant. En moyenne seulement. Car, si on est encore loin des 10 000 euros pratiqués dans le 6ème arrondissement ou des 8 200 euros du 3ème, plus proche, il n’est pas rare que des transactions s'y nouent à ces niveaux de prix dans les coins les plus prisés de l’arrondissement. « Nous avons récemment vendu un studio de 20 m² dans le quartier Bastille pour 180 000 euros, indique Alexandre Deschamps, responsable de l’agence MCD Orpi, proche de la place de la Bastille. L’appartement est parti au prix demandé, en à peine deux visites ». Car c’est là l’autre corollaire du décalage entre l’offre et la demande : la réduction du temps de transaction. « En règle générale, un bien mis en vente sans gros défaut peut partir en quelques heures à peine s’il est proposé au prix du marché. Pour certains biens, nous n’avons même pas le temps d’accrocher l’annonce en vitrine que la transaction est déjà bouclée… », poursuit Alexandre Deschamps.

Réservation par fax

Et les cas ne manquent pas. L’agence Laforêt Voltaire vient de signer la vente d’« un beau 41 m² » pour 300 000 euros, « dès la première visite, et au prix », indique Miguel Lopes, négociateur immobilier. « Les acheteurs essaient de négocier, mais ils voient vite qu’il faut revenir au prix demandé », poursuit-il. Quitte à revoir leurs prétentions de surface à la baisse. Plus étonnant, l’exemple de ce 15 m², proche de la place de la Bastille lui aussi, réservé par fax. « Un client investisseur agacé d’avoir déjà raté quatre occasions en l’espace d’un mois, et qui a voulu mettre toutes les chances de son côté », explique David Gourdon, qui a mené la transaction. Il a visité le bien après avoir fait sa promesse, et l’a acheté immédiatement, au prix demandé de 150 000 euros ».

Difficile, dans ce contexte de trouver à se loger. Les primo-accédants fuient généralement le triangle Bastille – Richard Lenoir – Beaumarchais, pour tenter leur chance dans les quartiers voisins de Voltaire, Saint-Ambroise et Parmentier, légèrement plus abordables, ou Goncourt-Belleville, à la limite du 20ème arrondissement, où ils sont encore en moyenne 10 % moins cher.

Emmanuel Salbayre