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Immobilier : les acheteurs boudent le 16e arrondissement de Paris

Les ventes de logements de luxe se concentrent vers les arrondissements centraux

Les ventes de logements de luxe se concentrent vers les arrondissements centraux - Thomas Samson - AFP

Les luxueux appartements de ce quartier pourtant réputé de la capitale ne sont plus autant prisés qu'il y a 25 ans. Les ménages les plus fortunés préfèrent habiter dans le centre plutôt qu'à l'ouest, quitte à acheter plus petit.

Les ventes de biens immobiliers de luxe à Paris se concentrent désormais sur les arrondissements centraux de la capitale, au détriment de l’ouest qui n’attire plus autant les propriétaires fortunés qu’il y a 25 ans. C’est ce qui ressort d’une étude des notaires d’Ile-de-France publiée récemment.

Ainsi, sur les 10% des ventes affichant le prix au mètre carré le plus élevé, seule une sur dix s’est conclue dans le XVIe arrondissement, contre une sur trois au début des années 1990. Les riches investisseurs plébiscitent davantage les logements parisiens situés dans les neuf premiers arrondissements, dont les ventes sont devenues proportionnellement plus nombreuses l’année dernière, précisent les professionnels.

Le 16e n’est plus à la mode

Des appartements chers au cœur de la capitale plutôt qu’à l’ouest, voilà la nouvelle tendance qui se dessine dans l'immobilier de prestige. La raison? "Le 16e arrondissement n’est tout simplement plus à la mode, a confié au Figaro Thierry Delesalle, notaire à Paris. Les acquéreurs -il s’agit surtout de propriétaires qui achètent leur résidence principale- préfèrent désormais, et c’est vrai partout en France, les centres-villes, pour leur accessibilité et la richesse des services qu’ils proposent".

Fabrice Abraham, le patron du réseau Guy Hoquet, partage ce sentiment: "On assiste à un retour des acheteurs et même des investisseurs vers l'hypercentre, avec la difficulté que l'offre de logements haut de gamme est nettement moins fournie dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements que dans l'ouest. Et face à des prix qui galopent dans certains quartiers, les acquéreurs n'ont parfois d'autre choix que de s'orienter vers de plus petites surfaces", ajoute le spécialiste.

D'ailleurs, les grands appartements (5 pièces et plus) ne représentent plus que 18% des ventes de logements "chers" à Paris, contre 23% en 1991, affirment les notaires. Selon eux, l'évolution du 16e arrondissement, qui présente de nombreux biens aux surfaces très généreuses, explique sans doute ce phénomène.

Vaincre les inégalités de prix entre l'est et l'ouest

Mais ce n'est pas la seule explication. Dans le 16e arrondissement, les appartements de grande surface sont détenus par des familles moins mobiles que des couples ou des célibataires voire des investisseurs, que l'on retrouve plus au centre, rappelle Fabrice Abraham. "Tout cela est structurel, c'est lié à la typologie des logements", ajoute le dirigeant.

Autre argument avancé par Guy Hoquet: le projet du Grand Paris dont l'objectif est de faciliter le transport de 10 millions de Franciliens mais également de "vaincre les inégalités de prix au m² entre l'est et l'ouest de la capitale". Depuis le déclenchement du projet, "nous observons une augmentation des prix proportionnellement plus grande à l'est qu'à l'ouest".

Le 16e arrondissement a donc moins la cote auprès des futurs acheteurs, malgré ses atouts indéniables. On peut notamment citer sa proximité avec le Bois de Boulogne, le Parc des Princes ou Roland-Garros pour les loisirs, mais également la qualité des constructions qu’il abrite.

Les quartiers "bobo" se valorisent

Cette nouvelle donne pèse logiquement sur les prix des logements. En effet, c’est dans le 16e que les prix de l’immobilier ancien ont le moins progressé. Entre 1991 et 2013, ils n’ont augmenté "que" de 3,4% par an, soulignaient les notaires en 2014. Soit tout de même une multiplication par 2,09 des prix sur la période. Reste que dans le 2e, l'arrondissement qui affiche la plus forte progression, les tarifs ont été multipliés par 3,5 en 22 ans.

"Les quartiers traditionnels cèdent la place à des quartiers en mutation, 'bobo', qui se transforment et se valorisent progressivement sous l’influence de clientèles nouvelles. Peut-être aussi le potentiel de revalorisation des prix était plus fort dans les arrondissements où s’est produit l’effort de 'reconquête de l’est' par les pouvoirs publics", indiquait l’étude.

Résultat, l'écart de prix entre les biens les plus chers de la capitale et l'ensemble du parc immobilier parisien s'est réduit. Ils ne sont plus que 1,5 fois plus onéreux que l'ensemble du marché résidentiel parisien, contre un ratio de presque 2 il y a 25 ans, concluent les notaires.

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Julien Mouret