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3M€ pour un château… sans salle de bain !

Apethorpe Hall

Apethorpe Hall - English Heritage

Une demeure royale est en vente en Grande-Bretagne sans véritable salle de bain. Son prix de maintenance s’élève à 125 000 euros, mais ce qui choque le plus outre-manche, c’est son prix : 3,1 millions d’euros… trop bas selon les associations anglaises, qui accusent l’Etat de brader son patrimoine.

Apethorpe Hall, un des châteaux les plus historiques de Grande-Bretagne est actuellement en vente pour (seulement) 2,5 millions de livres Sterling soit 3,1 millions d’euros. C’est English Heritage, organisme public indépendant chargé de la gestion du patrimoine historique d’Angleterre qui se charge de la vente. Avec ses 48 chambres, sa bibliothèque du XVIIIe siècle et ses vastes jardins italiens, l’édifice a tous les attributs d’un domaine royal. Cependant, en dépit du caractère aristocratique de ce fastueux castel, un élément anodin mais pour le moins vital manque à ses couloirs : aucune salle de bain n’a été construite au sein du château ! Une omission qui n’empêchera pas le manoir de faire l’objet d’une loi qui oblige les propriétaires à consacrer la coquette somme de 100 000 livres (125 000 euros) annuellement pour la maintenance, indique le Daily Mail. Cette loi impose également aux nouveaux acquéreurs de partager leur bien avec le public en lui ouvrant les portes du château au moins 28 jours par an.

James Ier y recevait son amant

La construction d’Apethorpe Hall remonte à la fin du XVe par Sir Guy Wolston, notable et haut fonctionnaire auprès de la couronne, qui le revendit ensuite à Sir Walter Mildmay, homme d’Etat anglais. La famille de ce dernier gardera le château pendant 350 ans. La maison a joué un rôle essentiel pour les Tudors, qui lui ont manifesté un attachement particulier. En effet, du roi James à Charles Ier, en passant par la reine Elisabeth I, le château a représenté un refuge lors des longs déplacements, mais aussi de lieu de rendez-vous galants et de somptueuses fêtes. Les travaux de restauration ont révélé l’existence d’une porte secrète reliant la suite royale qu’occupait généralement James Ier et celle utilisée par son « ami » et courtisan préféré, Georges Villiers, duc de Buckingham. Les années fastes auront quand même duré jusqu’à la fin du règne d’Elisabeth I. Le château a depuis sombré dans le délabrement. Il a même été qualifié de maison de campagne la plus négligée de Grande-Bretagne par English Heritage. L’organisme a donc décidé de sauver ce pan du patrimoine anglais en le rachetant pour 3 millions de livres en 2004, à Wanis Mohammed Burweila, son ancien propriétaire. Le gouvernement a dû, en plus de cette somme, dépenser pas moins de 3,18 millions de livres (4 millions d’euros) pour sa restauration.

Le contribuable mécontent

English Heritage étant un organisme public, son alimentation est assurée par l’argent des impôts. Mais les Anglais ne voient pas d’un bon œil son management. Leur mécontentement ne concerne pas la vente en soi du patrimoine historique à des entités privées mais bien le prix auquel il est vendu. « Le prix de vente est jugé très inférieur à la valeur initiale du château », indique le quotidien britannique. Emma Boon, présidente de la Tax Payer’s Alliance a accusé dans les colonnes du journal, l’Etat de brader son patrimoine. Et d’ajouter que « ça fait mal de voir le contribuable payer des millions pour qu’enfin la propriété revienne aux mains du privé pour un prix dérisoire ».

Un porte parole d’English Heritage a pour sa part soulevé la situation alarmante dans laquelle se trouvait le château en 2004. « Il avait absolument besoin d’une rénovation. Il était menacé d’effondrement ». Espérons seulement qu’avec cette belle ristourne, le nouveau propriétaire pourra investir dans l’aménagement d’une nouvelle salle de bain.

Badr Lebnioury