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Prix immobilier

"Ceux qui attendent un krach immobilier ont tort !"

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Gare aux conclusions hâtives… Dans cet entretien à Lavieimmo.com, Patrick Jolly, président-directeur général du groupe De Particulier à Particulier, revient sur les conclusions de la dernière édition de l'indice du groupe de petites annonces.

Les prix baissent et les délais de transaction s’allongent, mais le marché ne s’effondrera pas.

Lavieimmo.com : Depuis deux mois, on observe une stabilisation du prix des appartements et une accélération de la baisse du prix des maisons. Comment expliquez-vous cette différence ?

Patrick Jolly : Pour ne rien vous cacher, je ne me l’explique pas… Après seulement deux mois, on n’a pas encore le recul nécessaire pour déterminer s’il s’agit d’une véritable tendance ou d’une évolution passagère. On en saura plus dans quelques semaines. Pour l’heure, le principal enseignement de l’indice PAP, c’est que le mouvement de baisse des prix qui s’est amorcé au cours de l’été 2008 se poursuit mais ne s’emballe pas. Sur les six premiers mois de l’année, la correction atteint 1,1 % pour les appartements et un peu plus de 4,5 % pour les maisons. Malgré les différences que vous soulignez, on est loin, très loin même, du krach immobilier que beaucoup annonçaient !

Lavieimmo.com : Quelles sont vos prévisions sur l’année ?

Patrick Jolly : Tous types de logements confondus, la baisse devrait être comprise entre 7 et 10 % à la fin du mois de décembre. Les prix baissent. C’est un fait et c’était nécessaire au regard de la forte hausse des années 2000. Pour autant, les spécificités du marché français, marqué par une pénurie de logements, s’opposent à tout emballement de cette baisse, qui restera mesurée – pour les maisons comme pour les appartements.

Lavieimmo.com : Malgré la crise économique et les difficultés d’accéder au crédit ?

Patrick Jolly : Oui, car crise ou pas, se loger reste un besoin. Et tandis que la demande de logements ne faiblit pas, l’offre reste très largement insuffisante. La contraction de la construction, avec la baisse des mises en chantier qu’on observe depuis plusieurs mois, accroît encore ce décalage. Sans oublier l’effet des différentes normes et labels, notamment environnementaux, qui tirent les prix de l’immobilier neuf vers le haut.

Lavieimmo.com : Comment analysez-vous l’augmentation des délais de transaction et des taux de négociation consentis par les vendeurs ?

Patrick Jolly : On vend moins rapidement qu’il y a un an, et généralement pas avant d’avoir accepté de revoir son prix en légère baisse. Pourtant, même s’ils augmentent, les taux de négociation restent plutôt modérés, de l’ordre de 5 % pour les appartements et 6 % pour les maisons. Les vendeurs ont plutôt bien intégré la baisse des prix, et ont tendance à ne pas « surévaluer » leur bien. Quant aux délais de transaction, ils s’allongent. En moyenne, on vend un bien, maison ou appartement, en trois mois. C’est plus qu’il y a deux ans, quand il n’était pas rare qu’un bien trouve preneur en moins d’un mois, mais je ne vois là rien d’alarmant. Le marché de l’immobilier s’adapte, il ne s’effondre pas.

Propos recueillis par Emmanuel Salbayre

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