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Encadrement des loyers : Ceux qui n'y croient pas

Politiques, propriétaires et agents immobiliers se font entendre sur le blocage des loyers

Politiques, propriétaires et agents immobiliers se font entendre sur le blocage des loyers - dr

Alors que Cécile Duflot a réaffirmé dans un entretien à Libération la volonté du gouvernement de bloquer les loyers dans les zones tendues, la désapprobation se fait entendre, dans les rangs de l’opposition comme des professionnels.

Les réactions ne se sont pas fait attendre, après l’annonce ce matin, par la ministre du Logement, d’un décret destiné à bloquer les loyers dès la rentrée. Le premier axe d'une politique de longue haleine, qui nécessitera de créer des observatoires de loyers et une concertation avec les acteurs du secteur. Mais qu’ils soient à l’UMP ou à la tête d’un groupement de bailleurs privés, pour certains, bloquer les loyers équivaut à bloquer le marché. Tour d’horizon des opposants à cette mesure, l'une des plus emblématiques du programme de Hollande.

Une mesure « précipitée et absurde »

L’ex-secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, a fait part de ses doutes sur l’efficacité de la mesure, qu’il a jugé « précipitée et absurde », dans un entretien à Libération. Selon lui, « reconduire le loyer du précédent locataire, continuera à perpétuer les injustices : les loyers chers resteront chers, et les loyers pas chers resteront pas chers ». A droite encore, François Fillon, en déplacement dans la Sarthe, a pour sa part déclaré à l’AFP que « l’encadrement des loyers envisagé par le gouvernement se traduira par l'arrêt de l'investissement immobilier ».

Jean-François Copé a lui évoqué sur France Inter le « flou » qui entoure ce dispositif, tout en reconnaissant néanmoins que « s'il s'agit d'éviter les augmentations abusives de loyer, c'est le bon sens même ». Enfin, côté Front national, Marine Le Pen déplore une décision destinées à « rassurer un électorat d’extrême gauche ».

« Une aggravation du marché locatif »

Même son de cloche chez les bailleurs privés. Jean Perrin, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), a estimé dans une interview accordée à France Soir que l’encadrement des loyers va créer « une aggravation du marché locatif : certains propriétaires ne loueront plus, d'autres n'investiront plus pour rénover leur logement ». Le responsable de s’inquiéter : « À quoi bon améliorer la qualité d'une location si on ne peut pas en revoir le loyer ? Tout cela a des effets pervers sur le marché et, au final, ce sont les locataires qui seront pénalisés », rapporte le quotiodien.

Les investisseurs privés de contrepartie financière

François Gagnon, président d’ERA France et ERA Europe, s’inquiète tout particulièrement du sort des investisseurs, dans une tribune publiée par LaVieImmo.com : « Qui pourrait accepter d'immobiliser un capital, ou plutôt une capacité de remboursement pour la plupart, sans contrepartie financière correcte ? » Enfin, moins tranché, René Pallincourt, à la tête de la Fnaim, estime que d’autre alternatives existe. Il plaide en faveur d’un dispositif élaboré au début de l’année par la fédération : le « bail puissance 3 », offrant un avantage fiscal aux propriétaires qui louent leur bien à un loyer raisonnable, indexé sur le plafond des prêts locatifs sociaux (PLS).

Retrouvez les loyers au m², ville par ville.

Léo Monégier