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Immobilier : Des taux bas, mais des prix qui ne montent plus

Depuis 2011, le lien entre prix et taux s'est rompu

Depuis 2011, le lien entre prix et taux s'est rompu - dr

L’économiste Michel Mouillart, professeur à l’université de Paris-Dauphine et directeur scientifique de l’Observatoire du financement des marchés résidentiels ne voit pas de lien entre le niveau des prix immobiliers et celui des taux d’emprunt.

La faiblesse historique des taux des crédits freine-t-elle la baisse des prix de l’immobilier ? Leur remontée concourrait-elle à rendre les logements plus abordables ? A priori, oui… Pas si sûr répond Michel Mouillart.

A l’occasion de la présentation de la dernière édition de l’observatoire Crédit Logement CSA du financement des marchés résidentiels, jeudi, l’économiste a mis en garde contre tout raisonnement intuitif. Certes, entre 2006 à 2010, une « liaison inverse » semblait bien se dessiner, le mouvement de hausse des taux à l’œuvre jusqu’à l’automne 2008 correspondant, avec un décalage de quelques mois, à la période de baisse des prix. Inversement dans les mois qui ont suivi, la chute à la fois forte et rapide des taux avait coïncidé avec une remontée très nette des prix. Mais à compter de 2011, les choses se sont compliquées : à cette époque, « les taux n’ont pratiquement plus bougé, mais le ralentissement de la hausse des prix a été sensible », rappelle Michel Mouillart. Même chose en 2012, année de fort recul des taux et de diminution très nette du rythme de la croissance des prix. « Il n’existe aucun lien direct entre le niveau des prix et celui des taux », affirme l’économiste, épinglant au passage les nombreuses « prévisions qui se référaient, et se réfèrent encore implicitement à cette liaison ».

Décélération puis stagnation des prix

Cette non-causalité devrait de nouveau se vérifier cette année : Michel Mouillart estime que les taux d’emprunt, tombés en deçà de 3,2 % en moyenne au mois de janvier, se maintiendront sur des niveaux bas au cours des prochains mois, tandis que, côté prix, l’heure devrait rester « à la décélération puis à la stagnation ». Une évolution décorrélée de celle des taux, donc, que l’économiste rapprocherait plutôt de « l’entrée en récession du marché voire du maintien d’un faible volume d’activité ». Selon les dernières estimations de l’Observatoire de la production de crédits immobiliers (OPCI), que Michel Mouillart dirige, le montant des prêts accordés par les banques devraient tomber à 110 milliards d’euros environ l’année prochaine, en repli de 8 % par rapport aux 120 milliards escomptés pour 2012.

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Emmanuel Salbayre