BFM Immo
Prix immobilier

"L'immobilier français pâtit de la détérioration des conditions économiques"

-

- - dr

Hélène Weintraub, directeur chez Fitch Ratings, fait le point pour LaVieImmo.com sur l'état de santé du marché immobilier français.

Un marché qui s'en sort mieux que certains de ses voisins européens, même s'il commence à ressentir les effets de la crise économique.

LaVieImmo.com : En avril, vous vous interrogiez sur l’ampleur des répercussions de la crise économique sur le marché immobilier français. En sait-on un peu plus aujourd’hui ?

Hélène Weintraub : Les données des six premiers mois de l’année montrent l’apparition de nouveaux phénomènes directement liés à la détérioration des conditions économiques. Je pense notamment à la baisse du taux de remboursement anticipé des emprunts immobiliers et à l’augmentation du taux de défaut. Ces deux tendances, qu’on retrouve chez l’ensemble des établissements de prêt, sont les conséquences de la progression du chômage, qui pèse sur le revenu des ménages et compromet leur capacité de remboursement. Autre phénomène constaté au premier semestre : un recours plus fréquent aux ventes forcées de biens immobiliers détenus par des propriétaires en situation d’impayé, la difficulté de trouver un acquéreur et l’allongement des durées de transactions compromettant les ventes à l’amiable, traditionnellement privilégiées par les créanciers.

LaVieImmo.com : Ces tendances risquent-elles de se poursuivre ?

Hélène Weintraub : L’immobilier français bénéficie d’une série de facteurs positifs, comme la baisse des taux d’emprunt et les différents avantages fiscaux accordés aux acheteurs de logements neufs, qui soutiennent et devraient continuer de soutenir la solvabilité des ménages emprunteurs. D’un autre côté, compte tenu de la détérioration du marché du travail, on peut raisonnablement penser que ces trois phénomènes vont se confirmer au second semestre 2009, peut-être au-delà. Mais il est toujours très difficile de faire des prévisions, surtout quand on manque d’éléments de comparaison…

LaVieImmo.com : Rien de comparable avec les années 1990 ?

Hélène Weintraub : La crise des années 1990 était une vraie crise de l’immobilier, alors que le secteur subit à l’heure actuelle les conséquences de la crise financière. Les paramètres ne sont pas du tout les mêmes… On ne peut pas non plus tirer de conclusions de l’examen des autres pays européens, chaque marché réagissant différemment en fonction de ses particularités propres. Ainsi, si au Royaume-Uni et en Espagne, deux pays très durement touchés par la crise bancaire, la hausse du chômage a eu un effet très rapide et très net sur le marché de l’immobilier, le lien est moins frappant en France, où la propagation semble plus lente, certainement du fait de la plus grande prudence des banques.

LaVieImmo.com : Un rebond de l’immobilier est-il possible courant 2010 ?

Hélène Weintraub : Pour les mêmes raisons que celles que nous venons d’évoquer, il est assez difficile de faire des prévisions. Plusieurs scénarios sont possibles. Le plus probable à ce stade est vraisemblablement celui d’une poursuite de la baisse des transactions et des prix jusqu’à la fin de l’année 2010. Ensuite, on peut envisager une stabilisation voire un léger rebond, mais d’ici là, il peut se passer des tas de choses…

Propos recueillis par Emmanuel Salbayre

BFM Immo