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Prix immobilier

L'immobilier mondial rattrapé par la baisse ?

le rebond constaté au premier trimestre donne déjà des signes de faiblesse

le rebond constaté au premier trimestre donne déjà des signes de faiblesse - prdirect

Le redémarrage de l’immobilier pourrait être plus long qu’escompté. Les premières données officielles disponibles montrent une tendance au ralentissement des prix dans plusieurs pays, tandis que d’autres n’ont toujours pas renoué avec la hausse.

Trop vite, trop haut, trop fort ? Selon une étude de la banque canadienne Scotia, les marché immobiliers résidentiels mondiaux, qui avaient démarré l’année « animés d’un regain d’optimisme », ont connu au deuxième trimestre un ralentissement quasi-général. Les situations varient selon les pays, mais le scénario est souvent le même : « la demande et les prix se sont atténués, compte tenu de la modeste croissance mondiale, de la volatilité accrue des marchés financiers et de la faible création d’emploi », résume Adrienne Warren, économiste chez Scotia Bank et auteur de l’étude.

Ralentissement au Canada et en Australie

Le ralentissement a été plus particulièrement marqué au Canada, l’un des pays, avec l’Australie, où le rebond du début de l’année avait été le plus fort. Ainsi, le prix moyen des maisons n’y a progressé que de 6,8 % en comparaison annuelle au deuxième trimestre, après une hausse de 16,6 % au premier. Les raisons de ce trou d’air sont multiples, de l’abordabilité réduite des logements à la progression du nombre d’inscriptions de nouveaux biens sur le marché. Adrienne Warren estime que la demande devrait rester faible jusqu’à l’année prochaine, et anticipe une stabilisation des prix autour de leurs niveaux actuels. Ralentissement également, mais plus modéré, en Australie, où les prix, en hausse de 16,8 % au premier trimestre, ont encore progressé de 15,3 % au deuxième trimestre. Le marché australien de l’habitation promet d’être beaucoup plus calme dans les mois à venir qu’au cours des dernières années, il reste encore soutenu par le faible taux de chômage et la pénurie d’immeubles.

Une partie de l'Europe encore à la traîne

Deux béquilles dont ne bénéficie pas le marché des Etats-Unis. Adrienne Warren constate que « la faible croissance de l’emploi conjuguée à d’importants stocks excédentaires [de logements] et une augmentation des saisies offrent peu d’espoir d’un revirement notable cette année  ». Et si les prix ont connu au deuxième trimestre leur première hausse annuelle depuis 2006 (+0,7 %, après une baisse de 1,2 % au premier trimestre), la tendance a marqué le pas dès la fin du mois d’avril, avec l’expiration du crédit d’impôt fédéral aux acheteurs de logements.

De stocks excédentaires et de chômage, il est évidemment question en Espagne et en Irlande, où la décennie passée a été marquée par une construction acharnée, et où les prix continuent de reculer. L’adaptation de ces deux marchés devrait s’étendre « sur plusieurs années », prévient Adrienne Warren. Même chose pour le Japon, où « rien ne laisse présager une reprise du marché immobilier, déprimé depuis deux décennies ».

L'étude n'aborde pas vraiment le cas de la France, se contentant de noter que les prix n'y ont que faiblement baissé au premier trimestre (en données corrigées de l'inflation). Si la France ne souffre pas d'un excédent de logements, la question de la confiance des consommateurs et de la vigueur du marché de l'emploi ne militent pas pour un redressement rapide et prononcé avant plusieurs mois.

Emmanuel Salbayre