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Prix immobilier

Les primo-accédants tiennent le marché à flot

Les quais de Perpignan

Les quais de Perpignan - dr

Durement touché par la crise, le marché immobilier perpignanais a retrouvé quelques couleurs au premier semestre 2010. Echaudés et prudents, les professionnels hésitent néanmoins à croire en une reprise qui reste encore à confirmer.

Le second semestre 2008 et l’année 2009 ont laissé un souvenir amer aux agents immobiliers perpignanais. « C’était une période vraiment très dure », se souvient Annie Dessieux, responsable d’une agence Century 21 dans le sud de la ville. Et pour cause : dans l’intervalle, le nombre de transactions signées dans la ville a chuté de 30 à 40 %, tandis que les prix, eux, cédaient 15 à 20 %. La situation s’est un peu améliorée depuis le début de l’année, la baisse des prix ramenant progressivement les acquéreurs sur le marché. « Ça bouge à nouveau un petit peu…, reprend Annie Dessieux. On n’a pas encore retrouvé les volumes d’avant la crise, mais dans le contexte actuel et en comparaison de ce qui se passait l’année dernière à la même époque, c’est le jour et la nuit ! ». Même constat à l’agence Laforêt de l’avenue de la République, en plein centre, dont le responsable, Jacques Hébrard, évoque un retour à « un rythme de transaction un peu plus normal », de huit transactions par mois en moyenne depuis le début de l’année – soit un rapport de un à quatre par rapport au premier semestre 2009.

Petits budgets

Comme souvent dans ce genre de configuration, les plus prompts à revenir ont été les primo-accédants, attirés par la faiblesse des taux d’intérêt et une batterie d’aides spécifiques. Mais qui dit primo-accédants, dit petit budget. « En moyenne, un T3 de 60 à 75 mètres carrés ne se vend pas s’il est mis en vente à plus de 130 000 euros, indique Jacques Hébrard. Pour une maison le seuil est à 200 000 euros. Au-delà, il est devenu très difficile de trouver des acquéreurs – ou alors des acheteurs vraiment très exigeants ». Annie Dessieux, elle, se souvient bien d’une ou deux transactions un peu atypiques – « une maisons à 360 000 euros et une autre à 200 000 euros, en cours de finalisation », mais confirme la faiblesse générale des prix.

Mauvaise réputation

Sans surprise, les quartiers les moins chers sont aussi les plus prisés, comme celui de la ville nouvelle du Moulin à Vent, dans le sud, mais aussi le Vernet, au nord de la Basse, où les transactions ont repris malgré une réputation pas toujours irréprochable. « Les Perpignanais ne veulent pas s’installer au Vernet, explique Jacques Hébrard. Les nouveaux venus qui emménagent dans la ville non plus, car ils entendent dire partout que c’est le quartier à fuir. Mais ceux qui décident de se rendre compte par eux-mêmes voient très vite qu’il y a de belles affaires à y faire, et que cette mauvaise réputation n’est pas justifiée ». Un logement dans le quartier se vend en moyenne entre 1 250 et 1 450 euros du mètre, soit un peu moins qu’au Moulin à Vent, où les prix peuvent grimper jusqu’à 1 600 euros du m². L’est, quartier traditionnellement plus prestigieux où les prix approchent les 2 000 euros du mètre carré, et le centre, où ils les dépassent, parfois largement, peinent encore à trouver des acquéreurs.

Un marché encore convalescent

La reprise, encore lente, reste à confirmer. « Les annonces récentes, dans la presse, selon lesquelles le marché immobilier français était reparti de l’avant ont semé le trouble, incitant certains vendeurs à revoir leurs prétentions à la hausse. C’est très risqué : le marché va mieux, mais il est encore convalescent », reprend Jacques Hébrard. Comme la plupart de ses confrères, M. Hébrard craint une remontée des taux d’intérêt, remontée qui freinerait la demande des primo-accédants, à un moment où les secondo-accédants restent encore à l’écart.

Emmanuel Salbayre