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Londres : visite guidée au cœur de l'immobilier douteux

Plus de 36.000 logements londoniens sont détenus par des compagnies offshore

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Un bus un peu spécial sillonne les quartiers les plus huppés de la capitale britannique pour faire découvrir les maisons luxueuses et appartements de grand standing achetés... avec de l'argent sale.

La Grande-Bretagne veut mettre fin au blanchiment d’argent qui gangrène son marché immobilier. A Londres, où les prix ne cessent de flamber (+9,4% en 2015), quelque 150 milliards d’euros ont été investis dans la pierre après avoir transité par des paradis fiscaux.

Un phénomène que le Premier ministre David Cameron espère bien endiguer, même si sa crédibilité a été récemment entachée par l’affaire des Panama Papers. Il pourrait annoncer jeudi un train de mesures destiné à faire le ménage dans son pays en s'attaquant en premier lieu au marché immobilier londonien.

D’autres, comme le militant anti-corruption Roman Borisovich, ont eu une idée lumineuse pour illustrer ce phénomène : organiser une visite guidée des quartiers les plus huppés de Londres visant à faire découvrir les maisons luxueuses et appartements de grand standing achetés avec de l'argent sale.

Baptisée "Kleptocracy Tour", cette balade en bus un peu spéciale avec à son bord des parlementaires britanniques et des journalistes est l’occasion de sillonner les plus beaux coins de la ville, où plus de 36.000 propriétés sont possédées par des sociétés enregistrées dans des paradis fiscaux, cachant l’identité réelle de leur détenteur.

"Le Royaume-Uni est devenu Monaco dans le brouillard"

Le véhicule marque plusieurs arrêts, notamment dans une impasse à proximité du parc Hampstead Heath, dans le nord de la capitale, devant une luxueuse maison dotée de six chambres et d'une piscine intérieure.

Cette demeure a longtemps été celle de James Ibori, un ancien gouverneur nigérian qui a plaidé coupable devant un tribunal britannique en 2012 pour dix chefs d'accusation de blanchiment d'argent et de complot à des fins de fraude et a été condamné à une peine de 13 ans de prison.

Entre 2004 et 2014, des enquêtes ont été menées concernant des biens immobiliers valant au total plus de 180 millions de livres qui étaient suspectés d'être liés à de la corruption, selon l'ONG Transparency International, qui estime qu'il ne s'agit là que "de la partie émergée de l'iceberg".

"Le Royaume-Uni est devenu Monaco dans le brouillard", a résumé Luke Harding, un journaliste du Guardian qui a aidé à analyser les Panama Papers et participe à la visite. Ces documents "révèlent une vérité fondamentale (...) celle que les riches du monde ont cessé de payer des impôts depuis un long moment", a-t-il ajouté.

Avec AFP

J. M.