Loyers : La hausse va se poursuivre en 2011

Pas de répit pour les 6 millions locataires du parc privé. Selon l’observatoire Clameur*, les loyers ont progressé de 2,5 % en moyenne l’année dernière, à 12,3 euros du mètre carré. Cette hausse, la plus forte depuis 2006, est d’autant plus spectaculaire qu’elle intervient après trois années d’accalmie, et que 2009 s’était soldée par une stabilisation des loyers. Rien d’étonnant cependant pour Michel Mouillart, professeur à l’université de Paris X et auteur de l’étude, qui voit dans cette accélération une conséquence de la reprise d’activité sur le marché de la location. « On assiste tout simplement à un effet de rattrapage, explique-t-il. La mobilité des locataires, au point mort en 2009, a redémarré l’année dernière. Progressivement au premier semestre, puis de manière très nette en été et, ce qui est plus inhabituel, à l’automne. Les loyers ont suivi la même tendance ». Pour mémoire, à la fin de l’été 2010, l’économiste n’anticipait qu’une croissance de 1 à 1,5 % sur l’ensemble de l’année.

Des loyers en baisse dans 20 % des grandes villes

Logiquement, le nombre de villes où les loyers sont orientés à la baisse a fortement baissé. Sur les 80 villes de plus de 60 000 habitants, seulement 16 (20 %) étaient encore dans ce cas en 2010, contre plus de 40 en en 2009. C’est notamment le cas de Poitiers, où les loyers ont reculé de 0,5 % en un an (9,9 euros/m²), Le Mans (-1,2 %, 8,9 euros), Grenoble (-1,3 %, à 12,1 euros), Cannes (-1,8 %, 13,9 euros), ou Toulouse (-2,2 %, 11,4 euros). Du côté des plus fortes hausses, on citera Montreuil (+7,4 %, 14,6 euros), Villeurbanne (+7,3 %, 11,9 euros), Lyon (+5,9 %, 12,1 euros), Orléans (+5,3 %, 10,5 euros), ou encore Lille (+5 %, 13 euros). Paris arrive loin derrière, avec une progression proche de la moyenne nationale, de 2,3 %, et un loyer moyen de 22,4 euros/m². « Nulle part, on n’observe de hausse de loyers de plus de 10 % », insiste Michel Mouillart.

La moyenne de 12,3 euros du mètre carré cache d'importantes disparités, dans une fourchette de 3,5 à 54 euros. Des extrêmes à manier avec précaution selon Michel Mouillart, qui précise que les loyers de plus de 50 euros/m² sont très rares (« 150 logements à peine en France, dans certains quartiers de Paris et sur la Côte d’Azur, principalement ») tandis que près de 175 000 locataires acquittent un loyer de moins de 6 euros/m².

Pour 2011, l’économiste estime que la tendance devrait se poursuivre, avec des loyers de marché attendus en hausse de « 2,3 ou 2,4 % » en moyenne nationale. Soit une progression toujours inférieure à la hausse moyenne de 3,2 % constatée depuis la création de l’observatoire, en 1998.

*Connaître les loyers et analyser les marchés sur les espaces urbains et ruraux