BFM Immo
Prix immobilier

Pour le Crédit Agricole, la correction immobilière va s'accélérer

-

- - dr

Dans le sillage de la tendance observée au second semestre 2008, « la correction du marché immobilier résidentiel va s’intensifier » cette année, prédit Olivier Eluère, économiste au Crédit Agricole dans une étude rendue publique mardi.

Chute du volume des ventes et poursuite de la baisse des prix, la Banque Verte adapte ses prévisions à la détérioration manifeste du marché.

Le nombre de transactions immobilières a reculé d’environ 30 % sur un an dans le neuf et de 15 à 20 % dans l’ancien tandis que les prix, encore orientés en légère hausse dans le neuf, ont chuté lourdement au quatrième trimestre*. « Après une phase de décélération très graduelle, ce rapide ajustement tient avant tout à la perte de confiance brutale des ménages dans un environnement très anxiogène », explique Olivier Eluère. « L’ampleur historique de la crise financière mondiale, la forte détérioration de la conjoncture et la remontée du chômage provoquent des comportements attentistes avec le report des dépenses importantes, automobiles et logement ». Sans oublier une série d’autres facteurs négatifs, parmi lesquels « un relatif resserrement des critères d’octroi de crédit ».

-10 % dans l'ancien comme dans le neuf Dans ce contexte, la baisse amorcée ne peut que se poursuivre. Les ventes devraient continuer de reculer sur un rythme « très élevé, de l’ordre de 30 % dans le neuf et de 20 % dans l’ancien », poursuit l’économiste. Quant aux prix, ils « vont reculer nettement, d’au moins 10 % » en moyenne annuelle** dans le neuf comme dans l’ancien.

Cette baisse sera-t-elle à même de relancer le marché ? « Elle favorisera certaines transactions, mais elle risque surtout de renforcer l’attentisme des acheteurs, ceux-ci anticipant des prix encore plus bas », répond Olivier Eluère. Quant à la baisse des taux d’intérêt et aux mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir les secteurs de l’immobilier et du bâtiment (doublement du prêt à taux zéro, construction de 70 000 logements dont 30 000 sociaux…), elles n’auront qu’un impact limité. « Au mieux, elles permettront d’amortir le cycle, sans toutefois parvenir à stopper le mouvement de correction en cours », poursuit l’économiste.

Des "fondamentaux plutôt bons" L’étude ne fournit pas de prévisions chiffrées à plus long terme. « 2010 devrait être une année de transition, avec des baisses de prix moins prononcées sur fond de progressive résorption du déséquilibre offre-demande », avance Olivier Eluère.

L'économiste estime que la correction devrait finir par rapprocher les prix de niveaux plus conformes aux "fondamentaux" ». Or, à la différence de ce qu’on peut observer au Royaume-Uni ou en Espagne, les « fondamentaux » français restent « plutôt bons ». En effet, « il n’est pas nécessaire en France de "purger" une bulle massive de crédit. La demande de logements est solide, les taux d’endettement des ménages restent soutenables, et l’offre de crédit est prudente ». Elément important, l'économiste estime que « la conjoncture économique devrait connaître une certaine amélioration ». Baisse des prix et « confiance moins dégradée » pourraient ainsi permettre en 2010 une « légère reprise de la demande et des baisses de prix plus modérées », conclut, prudent, Olivier Eluère.

E.S.

*-9,9 % en comparaison annuelle selon la Fnaim **décembre 2009/décembre 2008

BFM Immo