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Prix immobilier

Quand la crise du logement influe sur l'emploi

Les prix de l'immobilier restreignent les possibilités d'emploi dans certaines zones

Les prix de l'immobilier restreignent les possibilités d'emploi dans certaines zones - Fotolia

Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) met en avant, dans une étude réalisée pour le Medef, les répercussions de la crise du logement sur l’emploi. La hausse des prix en région pousse selon l’étude les salariés à bouder des offres d’emploi dans certaines zones à cause des difficultés pour se loger.

Si les pouvoirs publics se penchent sur les difficultés des Français à trouver un logement, la hausse inquiétante des prix immobiliers en zone tendue ou encore celle des loyers, le Credoc a planché lui sur l’onde de choc que produit l'immobilier sur l’emploi. Une conclusion s'impose : la crise du logement impacte « directement la mobilité résidentielle et, corrélativement, la mobilité professionnelle ».

Ainsi, les salariés renonceraient « de plus en plus souvent à saisir une opportunité professionnelle qui les contraindrait à accroître leurs efforts financiers en matière de logement », explique le Credoc. Le retour à l’emploi des chômeurs s’en trouve également ralenti en zone tendue, où l’offre de logement est insuffisante par rapport à la demande, souvent massive. L’illustration de la capitale par un simple constat : « au début de l’année 2011, plus de 500 000 euros sont nécessaires pour acheter un appartement de 70 mètres carrés à Paris ; en 1995, il n’en fallait que 200 000 euros ».

Des cadres moins mobiles en zone tendue

Citant une étude universitaire d’Hervé Alexandre, François Cusin et Claire Juillard, le centre note que les cadres, réputés les plus mobiles, rechignent à délocaliser dans ces régions : « rares sont les départements de la région Ile-de-France qui attirent encore des cadres et des professions intellectuelles supérieures (le solde migratoire des cadres est encore positif dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine, mais il ne l’est plus à Paris) ». Une tendance durable, le Credoc observe que c'est en effet depuis 1998, période à compter de laquelle les coûts du logement commencent à peser de plus en plus dans le budget des ménages, que la mobilité professionnelle a tendance à diminuer.

Le secteur locatif gagné par l'immobilisme

Dans le parc locatif, la protection du locataire en cours de bail d’une augmentation de loyers conduit ainsi celui-ci à privilégier de rester dans les lieux. Même chose dans le logement social : « les loyers sont très encadrés et, avec la crise du logement, les loyers du parc social deviennent de plus en plus avantageux. Le coût d’opportunité de quitter un logement social pour un logement du secteur libre est de plus en plus élevé au fil du temps », relève le Credoc.

Les jeunes aux premières loges

In fine, la mobilité professionnelle des jeunes semble relever du parcours du combattant : le taux d'effort pour les étudiants est très élevé, alors que de nombreux pôles se trouvent dans les grands centres urbains ; lesquels sont la plupart du temps des zones immobilières tendues où l’offre de logement peine à satisfaire la demande. Le risque est alors accru « que certains renoncent à se former faute de pouvoir se loger à proximité des lieux d’apprentissage ».

Léo Monégier