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Crédit : Les taux immobiliers pourraient rester stables encore plusieurs semaines

Les banques devraient limiter au maximum la remontée des taux

Les banques devraient limiter au maximum la remontée des taux - dr

Les banques ont laissé leurs barèmes inchangés ce mois-ci. Si le risque de hausse plane, le mouvement devrait rester mesuré et pourrait prendre quelques mois avant de se mettre en place. Décryptage avec Sandrine Allonier, du courtier Meilleurtaux.com.

Les banques, qui avaient abaissé leurs barèmes en décembre, les ont majoritairement laissés inchangés en janvier. Un « statu quo » habituel, selon Sandrine Allonier, responsable des études économiques du courtier Meilleurtaux.com, qui note que « les premières semaines de l’année sont traditionnellement très calmes. Les établissements prennent le temps de mettre leur politique de taux en place, de se jauger. Les premières décisions n’interviennent généralement pas avant le mois de février ».

2014 ne déroge pas à la règle : en moyenne, les banques partenaires de la société de courtage accordent aujourd’hui des taux de 3,05 % sur 15 ans, 3,35 % sur 20 ans et 3,73 % sur 25 ans, globalement inchangés sur un mois. On notera que ces niveaux sont inférieurs de 0,10 point environ à ceux qui prévalaient en janvier 2013 ; sur deux ans, la baisse est de l’ordre de 1 point.

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Une hausse inéluctable… mais limitée

Une fois cette période de latence terminée, quelle direction prendront les taux ? La semaine dernière, le courtier Cafpi estimait que la hausse était inéluctable, « le changement de politique monétaire aux Etats-Unis », où la Réserve fédérale (Fed) a pris la décision de réduire son soutien à l’économie, promettant d’avoir « des répercussions sur les taux d’intérêt longs en Europe. Mécaniquement, le crédit immobilier en subira le contrecoup et verra ses taux augmenter, eux aussi », pronostiquait le groupe, sans toutefois s’avancer sur le calendrier de cette hausse apparemment inéluctable.

Chez Meilleurtaux, Sandrine Allonier se montre plutôt sereine. « L’OAT [l’obligation assimilable du Trésor, qui sert de référence aux taux longs des banques, ndlr] va très certainement augmenter dans les prochains mois, dans le sillage des taux américains. Cela dit, cette hausse devrait être atténuée par la politique de la Banque centrale européenne (BCE), dont Mario Draghi [le président de la BCE, ndlr] a clairement laissé entendre qu’elle resterait très accommodante dans la durée ». En outre, on sait depuis la publication des minutes de la dernière réunion du comité de politique de la Fed, le 8 janvier, que les membres de l’institution américaine ont exprimé le souhait d’« avancer prudemment », insistant sur la nécessité de ne mettre le durcissement monétaire en œuvre qu’à « un rythme mesuré ».

Les banques ne prendront pas le risque de casser le marché

« Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le niveau des OAT n’est pas le seul élément à prendre en compte, reprend Sandrine Allonier. La politique des banques dépend aussi très largement de l’état du marché immobilier. Or ce marché est actuellement très fragile, et l’ensemble des professionnels s’accordent à dire qu’il est soutenu essentiellement par la faiblesse historique du niveau des taux d’intérêt. Les banques ont bien conscience qu’une hausse marquée pourrait vraiment affecter la demande ».

A l’heure où s’établissent les politiques de taux pour le début de l’année, les établissements ont en tête le fait qu’il leur sera très difficile de faire aussi bien que l’année dernière en matière d’octroi de crédit, les chiffres de 2013 ayant été artificiellement gonflés par les opérations de renégociations de prêt. « Les banques ont accordé pour 140 milliards d’euros de crédit l’année dernière contre 98 milliards en 2012, avec un nombre de transactions nouvelles financées identiques. Cette manne de la renégociation étant désormais tarie, elles savent qu’il sera primordial pour elles de rester compétitives si elles veulent capter une nouvelle clientèle ».

Difficile, dans ce contexte, de dégager des prévisions. Sandrine Allonier estime qu’« on peut tabler sans trop de risque sur un premier semestre calme, avec des taux relativement stables. Les six derniers mois de l’année pourraient être marqués par une hausse, mais il est encore un peu tôt pour s’avancer… »

Emmanuel Salbayre