BFM Immo
Crédit

Emprunteurs, êtes-vous prêts à être fichés ?

Les usagers de banque en colère

Les usagers de banque en colère - Fotolia

L’Association française des usagers de banque (Afub) déplore dans un communiqué la mise en place d’un fichier qui recenserait tous les emprunteurs en France. Selon elle, l’objectif premier, la prévention de l’endettement, ne sera pas atteint par ce dispositif.

La création d’un registre national des emprunteurs devrait voir le jour, dans le cadre de la loi Lagarde du 10 juin 2010. Il conduira de fait à un recensement de tous les détenteurs d’un emprunt : crédit immobilier, crédit renouvelable, ou encore crédit personnel seront ainsi centralisés. L’objectif affiché : prévenir le surendettement des ménages.

Or, cette mesure conduit selon l’Afub, « à ficher 25 millions d'emprunteurs pour protéger ces 15 à 30 000 d'entre ceux qui chaque année succombent, souvent malgré eux, à l'asphyxie des prêts ».

Pourtant, l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) - qui convient que ce fichier « n’est pas le remède le plus adapté pour lutter contre le surendettement » -, a salué, dans un communiqué, le travail du comité chargé de le mettre en place. Celui-ci a élaboré « un cadre très précis pour l’enregistrement, la gestion, l’accès aux données et nous nous en félicitons », ont fait part les consommateurs. La Fédération bancaire française juge quant à elle le dispositif « complexe ».

« La plus grande hostilité »

L’Afub se démarque, et appréhende avec « la plus grande hostilité » la tenue de ce fichier. Car les usagers estiment qu’un autre moyen existe et à déjà fait ses preuves : « exiger, de tout demandeur, la production des trois derniers relevés de comptes où apparaissent salaires et traitements ». Enfin, pour les emprunteurs le gouvernement se trompe de cible, car dans 75 % des cessations de paiement, c’est un « accident de la vie » qui est en cause. Et non pas « une boulimie de prêts », avance l’association.

Moins de prêts à la consommation

Si ce fichier central n’arrange pas la situation, l'Afub pense qu'il pourrait bien l’aggraver : il pourrait en outre renforcer « la tutelle des usagers par les banques, ceci sans que soit mise en cause spécifiquement leur responsabilité dans l'octroi excessif des prêts ». Et surtout, accentuer la diminution des prêts à la consommation et donc restreindre l’accès au crédit.

L'association invite ainsi les usagers « à faire part de leurs avis » lors de la consultation publique organisée par le ministre de l'Economie, qui durera jusqu'au 15 septembre.

Léo Monégier