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Hausse des taux, est-ce le moment d'emprunter ?

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Publiée en début de semaine, la dernière édition de l’Observatoire du financement des marchés résidentiels (Crédit Logement, CSA) montre que le taux nominal moyen des crédits immobiliers aux particuliers était de 4.50% au mois de septembre.

Le taux, qui était inférieur à 3.50% fin 2005, retrouve ainsi un « niveau qui était le sien il y a quatre ans, au début 2003 », selon l’Observatoire.   Cette hausse est-elle appelée à se poursuivre ? Les avis divergent…   Pour Geoffroy Bragadir, fondateur du courtier Empruntis.com, les taux des crédits immobiliers ne devraient guère évoluer au cours des prochaines semaines, mais se maintenir à leurs niveaux actuels d’ici la fin de l’année. Au-delà, pas question de dégager des prévisions précises : pour cela, « il faudrait que le marché soit plus sain, moins volatil… il est toujours difficile d’y voir clair dans un environnement aussi nerveux ».   Une chose est sûre cependant : historiquement, et en dépit de leur hausse récente, les taux restent relativement bon marché et la marge de manœuvre semble plus grande à la hausse qu’à la baisse. Est-ce à dire qu’on retrouvera prochainement des taux supérieurs à 5 voire 6%, comme c’était le cas jusqu’à l’automne 2002 ? « Non, pas de panique, rassure Geoffroy Bragadir, tant que les marchés resteront nerveux, il n’y aura pas d’emballement, de remontée en flèche. »   Philippe Taboret, Directeur de la communication de Cafpi, un autre courtier, analyse la situation sous un angle différent. S’il s’intéresse lui aussi à la nervosité des marchés, M Taboret aborde la question avec une idée plutôt originale en tête, celle que « la crise du subprime pourrait bien être une bonne chose pour le marché du crédit immobilier », en agissant comme un frein à la hausse des taux.   Partant du principe qu’on n’a probablement pas encore pris pleinement conscience de l’ampleur des répercussions financières de la crise américaine, Philippe Taboret anticipe dans un premier temps une baisse des taux longs, qui servent de base pour les crédits immobiliers à taux fixes. « Ensuite, on peut également imaginer, même si ce scénario ne fait pas l’unanimité, que Jean-Claude Trichet [le gouverneur de la banque centrale européenne] finira par céder à la pression qui s’exerce sur lui et que la BCE abaissera le niveau de son taux directeur. La Réserve fédérale américaine a frappé un grand coup en réduisant ses taux de 50 points de base en septembre… Bien sûr, la situation des Etats-Unis et celle de l’Europe ne sont en rien comparables, mais on peut penser que si la crise perdure, la BCE ne prendra pas le risque de ne pas soutenir la croissance. » Baisse des taux longs et des taux cours, donc, qui joueraient en faveur d’une baisse des taux des crédits. « Confiant », Philippe Taboret, estime que « ces signes positifs pourraient même commencer à faire sentir leurs effets avant la fin de l’année ».   Les analyses divergent mais se rejoignent sur un point : on ne devrait pas voir les taux grimper jusqu’à 5% dans un avenir proche.   Reste à savoir si c’est le bon moment pour s’endetter.   Ici, la réponse unanime. « Ce moment n’est ni meilleur ni pire qu’un autre », résume Geoffroy Bragadir. S’excusant de faire « une réponse de normand », le fondateur d’Empruntis.com explique que « quand on achète une résidence secondaire, quand on veut réaliser un investissement locatif, là on peut se faire des calculs financiers. La situation est très différente dans le cas de l’acquisition d’une résidence principale. »   « A 5%, les taux restent relativement bon marché, donc j’aurais tendance à répondre que oui, d’autant que la hausse des prix de poursuit, même si elle ralentit », reprend Philippe Taboret.   Un avis que partage Christophe Cremer, PDG de Meilleurtaux.com, pour qui, si la situation actuelle a remis partiellement en question l’intérêt spéculatif d’une transaction immobilière, en diminuant l’espoir de réaliser une plus-value, elle n’affecte en rien l’arbitrage que font les acquéreur entre l’achat et la location, arbitrage qu’il qualifie de « décision patrimoniale la plus importante ». Les ménages qui regrettent de ne pas avoir profité des taux bas peuvent se consoler en se disant qu’ils bénéficient aujourd’hui d’une position de négociation beaucoup plus confortable qu’il y a ne serait-ce qu’un an. Pour cette raison, pour Christophe Cremer, « c’est le moment de se mettre sur le marché. »

Estelle Laurent, chargée de communication chez Credixia, insiste pour sa part sur le fait qu’« il y a toujours moyen de compenser la hausse des taux en jouant sur l’assurance et les frais de dossier… Les clients sont beaucoup plus informés aujourd’hui que par le passé. Ils  savent qu’ils peuvent négocier. »

Emmanuel Salbayre

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