BFM Immo
Crédit

Immobilier : Cacophonie sur le front des taux

Des discours un peu divergents...

Des discours un peu divergents... - dr

Baisse ou pas baisse ? Difficile, à la lecture des différents baromètres des sociétés en courtage de crédit, de se faire une idée claire de l’évolution des taux d’emprunt immobilier. Une seule certitude : les chances de voir les conditions d’octroi de crédit s’améliorer dans les prochains mois sont très minces.

Est-ce l’incertitude économique qui brouille les pistes, ou l’approche de la saison des salons immobiliers qui encourage les discours plus rassurants ? Les courtiers en crédits immobiliers, qui travaillent pourtant avec les mêmes partenaires bancaires et parlent généralement d’une même voix, tiennent depuis quelques jours des discours divergents.

Stabilité...

Selon Empruntis.com, qui a publié lundi matin ses derniers baromètres régionaux, rien de notable n’a eu lieu sur le marché des taux depuis quinze jours. Les banques, qui n’ont plus modifié leurs barèmes depuis juillet, les ont à nouveau laissé inchangés ce mois-ci. « On observe tout au plus quelques mouvements isolés, dans quelques régions et sur certaines durées… Pas une vraie tendance de fond », indique Maël Bernier, porte-parole du courtier. En moyenne, les taux des prêts accordés par l’intermédiaire d’Empruntis sont assortis d’un taux de 4,30 % sur 20 ans, identique à celui obtenu au début de l’été.

...ou légère baisse ?

Meilleurtaux.com, lui, revendique un taux moyen de 4,23 %, en baisse de 0,07 point. Le courtier assure que près de quatre de ses partenaires sur dix (37 %) ont abaissé leurs barèmes, répercutant la chute de l’OAT*, utilisée comme référence par les banques pour déterminer le niveau de leurs taux fixes. « Les établissements qui ont baissé leurs taux sont ceux qui ont clairement un objectif de conquête de nouveaux clients », explique Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux. « Peut-être, mais les rares banques qui ont effectivement abaissé leurs barèmes sont celles qui s’étaient mises hors marché… », tranche Ari Bitton, le président d’AB Courtage. Ces banques proposent désormais des taux comparables à celles de leurs concurrentes, et en rien des taux exceptionnels. La baisse annoncée est d’ailleurs loin d’être significative ».

Des hausses possibles à moyen terme

Les trois concurrents sont d’accord sur un point : les perspectives d’évolution des taux ne sont guère encourageantes. « La baisse de l’OAT laisse une marge de manœuvre théorique aux banques pour abaisser leurs barèmes. Dans un marché plus apaisé, elles le feraient d’ailleurs très certainement », reprend Maël Bernier. Mais à l’heure actuelle, entre la mise en place programmée des règles prudentielles de Bâle III, les tensions sur le refinancement et la dégradation des notes de certaines banques par les agences de notation financière, le marché est bien loin d’être apaisé… Selon Hervé Hatt, directeur général de Meilleurtaux, « certaines banques pourraient faire le choix de reconstituer leurs marges, et rester prudentes sur la croissance de l’encours de crédit ». En d’autres termes, les taux ne devraient guère bouger tant que l’OAT se maintiendra sur ses niveaux actuels. Les banques ne devraient en revanche pas hésiter à répercuter la moindre hausse des taux longs dans leurs barèmes. « On peut tout au plus s’attendre à des gestes commerciaux de la part des établissements qui sont en retard sur leurs objectifs commerciaux, mais rien de très significatif ni de durable dans le temps », résume Ari Bitton.

Des banquiers plus regardants

Par ailleurs, les banques pourraient durcir leurs conditions d’octroi de taux. En début de mois, Empruntis notait que la moitié de ses partenaires entendaient muscler leurs critères, en termes de niveau d’endettement, notamment. « Certaines banques avaient pris l’habitude de prêter à des taux d’endettement de 38, voire 39 % pour les emprunteurs les plus aisés, explique Maël Bernier. Elles devraient renouer avec avec des taux plus raisonnables, de l'ordre de 35 % au maximum ». Les banquiers pourraient également se montrer plus prudents sur la question de la stabilité salariale et le secteur d'activité de l'emprunteur. « Des précautions qui avaient disparu en 2010, mais qui vont être un peu plus regardées à l’avenir », conclut la spécialiste.

Emmanuel Salbayre