BFM Immo
Crédit

Immobilier : Nette dégradation de la solvabilité des emprunteurs

La baisse du coût des opérations ne couvre plus la hausse des taux

La baisse du coût des opérations ne couvre plus la hausse des taux - dr

Les conditions de crédit immobilier se dégradent. Plus que la remontée des taux d’emprunt, c’est la hausse des coûts qui pèse sur la solvabilité des emprunteurs, selon l’observatoire Credit Logement/CSA.

Le mois de février n’aura pas été facile pour les emprunteurs immobiliers. Selon la dernière édition de l’observatoire du financement des marchés résidentiels, publiée lundi par le Crédit Logement, l’indicateur de solvabilité de la demande (qui rapporte le coût mensuel d’un emprunt au revenu de l’emprunteur), est tombé le mois dernier à son niveau le plus bas depuis l’été 2008 (97,6).

Près de quatre années de revenu

Cette dégradation coïncide avec la remontée des taux d’emprunt amorcée à la fin de l’automne. En moyenne, les taux du secteur concurrentiel se sont établis à 3,53 % en février (hors assurance), contre 3,47 % en janvier. Soit une progression de 6 points de base, plutôt limitée, mais qui porte à 28 points la remontée sur les quatre derniers mois. Une remontée d’autant plus douloureuse que la durée d’emprunt, elle, n’a guère progressé ces derniers mois. Les ménages qui ont souscrit un emprunt le mois dernier se sont endettés pour une durée de 209 mois (un peu plus de dix-sept ans) en moyenne, contre 206 semaines en janvier et 210 semaines en février 2010. « Dans ce contexte, les conditions de crédit se sont dégradées de l’ordre de 7 % depuis novembre », calcule l’observatoire, qui prend également en compte la suppression, au 1er janvier 2011, du crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobiliers mis en place en 2007 dans le cadre de la loi Tepa. Compte tenu de tous ces éléments, « la remontée du coût du crédit n’est plus compensée par le repli du coût relatif des opérations », explique le Crédit Logement.

Le PTZ+ pourrait infléchir la tendance

Selon l’économiste Michel Mouillart, auteur du baromètre, la situation n’est pas aussi alarmante qu’il y paraît. Tout d’abord parce que les variations mensuelles des différents indices de l’observatoire, volatils, doivent être analysées avec prudence. La nette baisse de solvabilité de la demande observée en février fait suite à une nette progression de cet indicateur en janvier, dans un contexte d’accalmie sur le front des coûts et en dépit d’une forte remontée des taux. Ensuite parce que tous les établissements bancaires n’étaient pas encore prêts, le mois dernier, à distribuer le nouveau prêt à taux zéro(PTZ+), mis en place le 1er janvier sur les cendres du crédit d’impôt Tepa. « Tout devrait être en place en mars, pour une distribution effective au printemps », estime l’économiste, qui prédit des effets « notables » en termes de solvabilité de la demande. Enfin, parce que, si la tendance est bien à la hausse des taux, il n’est pas exclu que certains établissements parmi ceux qui ont été les premiers à relever leurs barèmes, n’infléchissent leur stratégie s’il s’avère qu’ils ont pris du retard sur leurs objectifs commerciaux. L’ensemble de ces éléments devrait apparaître dans la prochaine édition trimestrielle de l’observatoire du financement des marchés résidentiels, qui sera publiée début avril.

Emmanuel Salbayre