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"Les banques doivent prendre au plus vite des engagements pour les crédits-relais"

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Mi-septembre, l’Association française des usagers de banque (Afub) estimait que 30 000 détenteurs de crédits-relais couraient le risque de ne pas être en mesure de revendre leur ancien logement avant l’échéance de leur prêt.

Un peu moins de deux mois plus tard, après l’appel à « la clémence des banques » lancé par Christine Boutin, l’engagement de la Fédération bancaire française (FBF) pour une aide « au cas par cas » et l’annonce de la prorogation de certains prêts du Crédit Foncier, Marie-Anne Jacquot, porte-parole de l’Afub, fait le point pour Lavieimmo.com sur la situation.

Lavieimmo.com : Le Crédit Foncier a annoncé la semaine dernière qu’il prolongeait de six mois la durée de certains crédits-relais. Comment avez-vous accueilli cet engagement ?

Marie - Anne Jacquot : L’idée d’une prolongation des prêts va dans le bon sens, mais ce n’est pas un délai de six mois qui règlera la situation des dizaines de milliers de ménages propriétaires d’un bien pour lequel ils ne trouvent pas de repreneur. Ne serait-ce que parce qu’on sait très bien que, même courte, la crise durera au minimum un ou deux ans… Autre grande insuffisance, les mesures proposées par le Crédit Foncier ne s’adressent qu’à ceux des clients du groupe dont le crédit relais arrive à échéance dans un délai de trois mois. Aucune solution n’est vraiment proposée aux vendeurs dont les prêts sont déjà arrivés à échéance, ceux que la dégradation du marché a déjà contraint à revoir leur prix en forte baisse – au niveau de la valeur de leur prêt, quand ce n’est pas en deçà… Nous avons déjà quelques exemples de contentieux… Le geste du Crédit Foncier est de bon aloi, mais il reste très insuffisant.

Lavieimmo.com : Plusieurs banques se seraient engagées à prolonger d’un an la durée des crédits-relais...

Marie - Anne Jacquot : Un an, c’est un minimum ! A l’Afub nous préconisons un moratoire d’un an, reconductible en fonction de l’évolution de la crise. Pendant ce délai, les emprunteurs continueraient de payer leurs intérêts. On a tendance à se focaliser sur la situation des ménages, mais le risque est loin d’être négligeable pour les établissements prêteurs. En effet, on évalue à environ cinq milliards d’euros l’encours des crédits relais détenus par des ménages qui risquent de ne pas être en mesure de rembourser leur emprunt. La solution que nous proposons permettrait de soulager les deux parties. Encore faut-il pour cela que les banques prennent rapidement des engagements écrits, dans la lignée des promesses de la Fédération bancaire française.

Lavieimmo.com : Que se passerait-il en l’absence de moratoire ?

Marie - Anne Jacquot : Dans ce cas, une intervention de l’Etat serait inévitable. On peut imaginer que le gouvernement pourrait aller jusqu’à cautionner les créances bancaires des crédits relais arrivés à échéance, ce qui permettrait aux banques de mobiliser leurs créances en vues de leur « refinancement » indispensable.

Lavieimmo.com : L’expression « subprimes à la française » vous paraît-elle abusive ?

Marie - Anne Jacquot : On pense inévitablement à la crise des subprimes, puisque plusieurs dizaines de milliers de Français courent le risque de ne plus être en mesure de rembourser leurs crédits… La différence, et elle est de taille, c’est que la crise des crédits-relais touche des ménages solvables, qui n’auraient jamais été considérés comme appartenant à une population à risque. Cette crise illustre deux tendances actuelles du marché de l’immobilier : la faiblesse du nombre d’acheteurs et les difficultés grandissantes des acheteurs potentiels pour se financer.

Propos recueillis par Emmanuel Salbayre

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