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Avis d Experts

Des annonces immobilières sur Internet qui peuvent coûter cher !

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Laisser en ligne des annonces pour des biens déjà vendus brouille l’image des agents immobiliers et peut leur coûter cher. À qui la faute ? À l’agent inconséquent ou au portail peu scrupuleux ?

Tous les acheteurs ont connu la mésaventure de voir la maison de leur rêve à vendre sur une annonce et de découvrir ensuite qu’elle est déjà vendue dès qu’on questionne l’agent immobilier. Ce problème ne date pas d’hier et il concerne aussi bien la presse ou les vitrines que les annonces sur Internet.

Des omissions pas toujours volontaires.

Les raisons pour lesquelles les agents immobiliers laissent paraître des annonces obsolètes sont nombreuses. Parfois ils ne savent pas que le bien est vendu ; cas du propriétaire qui n’informe pas les agents à qui il a confié un mandat non exclusif. Autre possibilité, l’information circule mal dans l’agence et le négociateur qui suit le bien n’a pas signalé la vente au collaborateur qui gère les parutions. On voit aussi des cas de pure négligence. Mais le plus grave est la volonté délibérée de laisser l’annonce pour attirer le client ou pour masquer le manque de mandats. Quel agent immobilier oserait montrer une vitrine avec rien à vendre ?

Une pratique commerciale trompeuse punie par la loi.

Ces annonces obsolètes sont catastrophiques pour l’image de l’agent immobilier et de la profession. Pour l’acheteur, une annonce pour un bien déjà vendu est un mensonge ; qui fera confiance à un menteur pour acheter ou vendre son logement ? Et pour la loi, c’est très clair : L'agent immobilier diffuse des informations sous la forme d'annonces pour un bien à vendre ou à louer. Il est à ce titre soumis aux dispositions de droit commun, notamment pour ce qui concerne les pratiques commerciales trompeuses (art. L 121-1 du code de la consommation). Peut notamment relever d’une telle qualification le fait de proposer à la vente un bien déjà vendu. Une enquête effectuée par la répression des fraudes en 2007 a relevé « 73 cas de non-disponibilité d’un bien mis en vente ou en location qui ont donné lieu à 30 PV ». La profession a répondu en contestant la représentativité de cette enquête.

Le cas des portails Internet d’annonces immobilières.

Certains portails, pas tous, comportent des annonces pour des biens déjà vendus qui ne figurent pas sur d’autres portails. En première approche, c’est difficile à comprendre car les annonces sur Internet sont diffusées via des logiciels et qu’un seul clic suffit pour arrêter leur parution sur tous les supports. Mais deux points compliquent la chose. Dune part, les portails ont des accords de diffusion avec d’autres portails pour augmenter la visibilité des annonces, ce qui allonge la chaîne et la rend peu contrôlable. D’autre part, certains portails n’ont pas autant de clients, donc d’annonces, qu’ils le souhaitent et ils préfèrent laisser en ligne des annonces anciennes plutôt que d’exhiber leurs difficultés.

Bien peu d’agents immobiliers font l’effort de vérifier de ce qui paraît, puis d’avertir le portail qu’il doit supprimer des annonces. Ils ont tort, car ce sont eux qui portent la responsabilité de cette parution trompeuse tant pour leur image qu’au regard de la Loi.

Hervé Parent