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Avis d Experts

L'e-économie doit être le bras armé de l'attractivité immobilière de la capitale !

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A l’occasion des élections municipales, tous les candidats se sont mis en scène avec des entreprises parisiennes. Le risque de la « ville musée » a beau être lointain dans une agglomération qui compte 365 998 entreprises, chacun(e) voulait être le(a) candidat(e) d’un dynamisme économique réel. L’Europe est un village et la concurrence est rude, tandis que Londres, Bruxelles, Barcelone, Lyon, Bordeaux et Strasbourg sont dans un mouchoir de poche, et de mieux en mieux reliées au reste du monde. Résultat : Paris n’est plus une évidence.

La capacité des villes à séduire des entreprises est un point essentiel de l’attractivité des territoires. Start up qui se voit se développer, PME ou grand groupe, la question de l’espace de travail est l’alpha et l’oméga. Les bureaux sont le fruit d’une équation qui comporte des variables multiples : flexibilité liée au développement de la structure, conditions garantissant la bonne productivité des personnes, nature de l’engagement et bien sûr, le coût.

Or la pression immobilière est immense, et les prix élevés. D’un côté, il y aurait 330 000 m2 de bureaux vacants dans Paris intra muros, de l’autre, des entreprises qui n’arrivent pas à s’héberger ! Et pour cause, ce poste arrive en second dans la colonne des dépenses, juste derrière la masse salariale ! En moyenne, le coût annuel d’un poste de travail dans les entreprises est estimé, tous locaux confondus, à plus de 17 000 euros le m². Pourtant, il n’y a pas de pénurie au sens propre. Il existe de nombreux espaces de bureaux disponibles. Simplement, ils ne sont pas adaptés à la demande. Pour des questions juridiques, administratives et de droits d’entrée. Pour des questions de tailles, pour des questions de flexibilité. Se passer de nouveaux entrants qui contribuent au dynamisme et à l’innovation n’est pas souhaitable !

De nouveaux espaces de travail

Et Paris n’est pas que galère administrative, elle est aussi la capitale française des nouveaux modes de travail et des nouvelles formes d’organisation des espaces, un lieu d’innovation. La Mutinerie ou le Tank sont des espaces de co-working autant que de création, et tous pratiquent des formules à la carte, permettant à la Start Up de ne pas réintégrer l’appartement de son fondateur dès qu’elle passe la barre des 3 salariés ! Les incubateurs, où l’on bénéficie des opportunités d’espaces de travail des entreprises et des experts présents, sont eux aussi nombreux.

Mais l’économie du partage apporte plus encore que cela ! Nombreux sont ceux qui ont compris que le taux d’occupation des salles de réunion par exemple ne permettait pas à une seule structure de les rentabiliser. Bird Office, le Airbnb « made in France » des professionnels, a créé une plateforme qui permet de mettre à disposition des salles pour les formations, séminaires et réunions. La partie « sociale » de l’entreprise n’est plus tenue d’avoir lieu là où le travail quotidien se déroule. Et le modèle est vertueux. Ainsi, de nombreuses entreprises sont séduites, il est dès lors possible d’avoir accès à un grand nombre de salles, partout dans Paris, ce qui incite de plus en plus de structures à recourir à cette solution, faire des économies, s’éviter des tracas administratifs.

Vers la ville intelligente

La gestion des espaces de travail doit être digitale car les espaces de travail seront de plus en plus consacrés au digital. Paris rattrape en effet son retard en termes d’équipement de la ville en capteurs et de mise à disposition des données publiques (anonymisées). Nés de l’Open Data, des gains d’opportunités vont se créer pour les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics. Les entreprises capables d’apporter ces solutions-là récolteront les avantages du premier entrant en termes d’image mais aussi de perspectives commerciales.

Les pouvoir publics qui commanditeront des missions ayant un impact réel sur la vie des citoyens seront bien avisés ! La ville peut à l’instar de Grenoble créer un seul outil de paiement correspondant au stationnement, à la cantine et diviser le nombre de chèques et de démarches accomplies par les individus au sein de leur commune. Au Pays-Bas, un titre de transport est compatible avec tous les transports publics.

Des petits et des gros acteurs, des inventeurs, des entrepreneurs, des associations doivent saisir l’occasion d’exercer des révolutions, parfois à l’échelle d’un seul immeuble, qui mutualise alors la consommation d’appareils d’outillages. A cet égard, les créateurs d’entreprises et les PME devraient être en première ligne. Il faut espérer qu’ils seront soutenus.

Thierry Langlois