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Avis d Experts

Les ascenseurs comme vecteurs de mieux être

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La simple observation de la manière dont les immeubles d’habitation sont aujourd’hui construits suffit à nous en convaincre : les escaliers ont disparu au profit de paliers entièrement dédiés aux ascenseurs.

Si la logique économique sous-jacente à cette évolution est facile à comprendre (« optimiser » les mètres carrés disponibles), il aura fallu attendre plusieurs décennies pour en mesurer ses effets sur les individus.

Premier effet : le lien social entre les habitants se perd car, faute de cage d’escalier, plus personne ne sait ce qui se passe aux autres étages que le sien. Second effet (plus inattendu et plus récent) : alors que les pouvoirs publics ne cessent de nous inciter à « bouger » au nom de notre santé, même ceux qui seraient tentés de prendre l’escalier pour s’assurer d'un effort ne le font plus. Remisé dans un coin de l’immeuble, l’escalier est désormais assimilé à un « escalier de secours ».

Deux bonnes raisons pour que quelques architectes, animés par l’idée de modifier nos habitudes, se mettent à réfléchir sur la manière de lui redonner un rôle central. D’où l’immeuble de The Cooper Union réalisé par Thom Mayne : un « campus vertical » où l’ascenseur ne dessert que trois étages sur huit pour inciter les étudiants à faire de l’exercice. Ou encore celui imaginé par Renzo Piano et FX Fowle pour The New York Times où les bureaux, placés aux angles du bâtiment, sont plus facilement accessibles par l’escalier que par l’ascenseur.

Substituer partiellement l’escalier à l’ascenseur, c’est redonner le choix d’agir à ceux qui le désirent. N’est-ce pas aussi rappeler que l’architecture doit être au service de notre mieux-être ?

Patrick Chappey