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Les taux de crédit devraient rester bas en 2016

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Alors que l’année 2015 marquée par des taux historiquement bas s’achève, et après la décision de la Fed de remonter ses taux, tous les yeux se tournent maintenant vers 2016. Les taux de crédit immobilier peuvent-ils se maintenir à ce niveau ? Et pendant combien de temps ?

2016 va démarrer comme 2015 : dans un contexte de taux très bas, les hausses enclenchées avant l’été 2015 ayant été annulées par les récentes baisses de la fin d’année. La décision de la Réserve Fédérale américaine mi-décembre de relever ses taux directeurs de 0,25 point - une première depuis neuf ans – ne devrait pas avoir d’impact immédiat pour deux raisons. Tout d’abord parce que cette remontée sera "graduelle" comme l’a précisé la présidente de la Fed Janet Yellen, se voulant ainsi rassurante sur la vitesse et l’intensité des évolutions à venir.

Ensuite, parce que la politique de la Banque centrale européenne devrait agir comme un rempart aux potentielles hausses de taux. Dans un contexte normal, la contagion pourrait se faire via la hausse des taux d’emprunt d’Etat français dans le sillage des taux américains, mais le vaste programme de rachats de dette prolongé jusqu’en mars 2017 devrait contribuer à contenir les taux d’emprunt d’Etats européens et français. D’autant plus que contrairement aux Etats-Unis, la faible croissance en Europe et l’inflation qui reste très basse vont inciter la BCE à poursuivre sa politique de taux bas durant toute l’année 2016. Ainsi si la décision de la Fed risque d’entrainer une hausse des taux de crédit immobilier aux Etats-Unis, l’impact devrait être limité voir nul sur les taux en France.

Par ailleurs, après une année 2015 qui s’annonce record avec plus de 170 milliards d’euros de crédits nouveaux - contre 114 milliards en 2014 - les banques françaises se sont fixées des objectifs de production ambitieux pour 2016 qui devraient contribuer au maintien des taux de crédit immobilier à un niveau très bas. D’autant qu’il ne faudra plus compter sur les renégociations de prêt en 2016… Si elles ont atteint jusqu’à 50 % des demandes avant l’été, elles ne représentent plus que 15 % des dossiers actuellement, d’une part parce que la plupart des crédits qui pouvaient être renégociés l’ont été au premier semestre, et d’autres part parce que les crédits accordés depuis début 2014 ont bénéficié de taux déjà très attractifs ne rendant pas une telle opération opportune.

Ainsi les banques devraient continuer à proposer des taux très attractifs en 2016 afin de maintenir leurs parts de marché et conquérir de nouveaux clients via le crédit. De nouvelles baisses de taux pourraient même être observées courant janvier-février, notamment dans les banques qui souhaitent être bien positionnées dès le début de l’année. Et même si les taux d’emprunt d’Etat venaient à remonter légèrement, les banques pourraient faire le choix de ne pas répercuter cette hausse pour rester compétitives…

Sandrine Allonier