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Pourquoi les taux de crédit immobilier restent au plancher ?

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Les taux de crédit immobilier, déjouant tous les pronostics des derniers mois de 2012, n’en finissent plus de baisser. Déjà à un seuil jugé historiquement bas, ils crèvent encore le plancher pour tomber à la cave. Alors la baisse finira-t-elle bientôt ? Pas si sûr…

En fait, de nombreux ingrédients viennent alimenter la chute des taux de crédit immobilier. D’une part, la dette française - aujourd’hui valeur refuge, séduit les investisseurs ayant tourné le dos à la dette grecque, espagnole, irlandaise ou chypriote. Cette confiance des marchés, investissant massivement dans la dette française, a permis de faire tomber l’OAT 10 ans (indice des taux fixes longs) de 3% à… 2% en un an. Les banques en ont d’abord profité pour reconstituer leurs marges puis pour attirer les emprunteurs, source providentielle de dépôts, en alignant leurs taux de crédit immobilier sur la baisse des obligations d’Etat. Pour le plus grand plaisir des emprunteurs…

Aujourd’hui, même si certains pays d’Europe du Sud reviennent dans les bonnes grâces des investisseurs, cela ne signifie pas pour autant que la dette française va perdre de son attractivité ni que les taux de crédit immobilier vont augmenter. D’une part parce que les obligations d’Etat françaises restent très recherchées. Comme le prouve l’investissement massif de la Banque du Japon (BoJ) dans les dettes européennes, notamment française et allemande, via un doublement de sa base monétaire. Cette forte liquidité inattendue a encore fait chuter l’OAT 10 ans de 2,07% à 1,75 % en l’espace de quelques jours à peine. D’autre part, parce que d’autres ingrédients favorisent encore – parallèlement à la dette française - le plongeon ininterrompu des taux de crédit immobilier. Comme la politique monétaire de la BCE. L’évolution de ses taux directeurs à la baisse a, elle, des conséquences sur les crédits à taux variables. Après quelques baisses en 2012, l’institution de Francfort, laisse aujourd’hui volontairement son taux directeur à son plus bas niveau historique – 0,75%, pour relancer la croissance. Mais, acculée par la crise européenne qui n’en finit pas de se propager d’un pays à l’autre, la BCE pourrait être à nouveau amenée à baisser celui-ci à 0,50%. Avec des conséquences probables à la clé sur les taux de crédit immobilier.

Reste à savoir si toutes ces baisses conjointes vont profiter aux emprunteurs. Ces derniers pourraient être les dindons de la farce si les banques choisissaient de ne pas répercuter les chutes de l’OAT et de la BCE sur leurs taux de crédit immobilier. Mais on voit mal comment les banques pourraient leur tourner le dos. Les établissements prêteurs le savent, nous sommes entré dans l’ère de l’ « acquéreur power ». Ce dernier, avec des taux au plancher et le rétrécissement des volumes de transaction, vient de reprendre enfin la main sur le marché, après le règne assez long des vendeurs. Avec une croissance de sa capacité d’emprunt de 12%, l’acheteur redevient une cible naturelle pour les banques, qui devraient être tentées de le suivre...

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Ari Bitton