BFM Immo
Avis d Experts

Quelle hausse des taux immobiliers à venir et quels impacts ?

BFM Immo
Après une baisse continuelle des taux des crédits immobiliers depuis 2013, en juin, quelques banques ont relevé leurs tarifs. Cette information a aussitôt créé le buzz avec l’anticipation d’une hausse généralisée et durable.

Pas d’affolement !

Les modifications des conditions économiques qui contraindraient un établissement de crédit à augmenter ses taux sont connues :

  • 1. Un manque de liquidités. C’est la loi de l’offre et la demande qui s’applique. Si l’accès à la ressource à prêter est réduit, il faut donc payer plus cher pour l’obtenir > Les taux montent
  • 2. Les ressources monétaires sont plus chères. Dans ce cas où le coût de l’argent augmente, la banque en répercute la hausse et le vend plus cher > Les taux montent
  • 3. Une inflation en hausse qui impacte les coûts de fonctionnement (salaires, charges, produits etc…). Dans cette configuration c’est le prix de revient qui augmente. Pour conserver les marges, les taux montent !

Mon constat aujourd’hui :

  • 1. Les liquidités sont là puisque depuis mars 2015 jusqu’à fin 2016, la BCE alimente l’économie à raison de 50 milliards d’euros par mois, soit encore 850 milliards à venir.
  • 2. Depuis septembre 2014, les taux de refinancement des banques sont toujours au plus bas à 0.05%. Rien n’indique que la BCE augmenterait son taux directeur.
  • 3. En rythme annuel, l’inflation est mesurée à 0.2%, c’est très loin du niveau 2% recherché par la banque centrale.

A ce jour, j’estime qu’il n’y a aucune raison technique qui puisse accréditer une hausse significative des taux.

Sur le plan pratique, il convient également de relativiser l’impact financier d’une remontée des taux. En effet, une hausse de 0.10% sur 100 000 € à 15 ans se traduit par une augmentation de la mensualité de 4.60 €. Quant au coût du crédit global, il se renchérit de 828 €. Donc absolument rien d’alarmant. Par ailleurs, une hausse de taux de 0.10% n’a quasiment aucune influence sur la capacité globale d’emprunt. Pour une mensualité de 1000 € sur 15 ans à 2% le capital prêté est de 155 398 €. Pour un taux de 2.10% il sera de 154 291 €. L’écart n’est que de 1 107 €.

Comme chaque année dès le début du quatrième trimestre, nous constaterons des hausses car une banque qui a réalisé ses objectifs est moins disposée à faire des rabais sur ses taux. Cette tendance est principalement observée où la demande de crédit est la plus forte et pour de plus gros montants, ainsi en Ile de France et dans les grandes métropoles régionales.

Bien sûr, les tendances haussières resteront tempérées par la concurrence interbancaire.

Sur le fond, j’estime que le couple prix de l’immobilier et taux de crédit n’a jamais été aussi favorable pour les candidats à l’acquisition.

Bruno Rouleau