BFM Immo
Construction

Artificialisation des sols, permis de construire… "Laissez-nous travailler", réclame le bâtiment

Olivier Salleron, le président de la Fédération du bâtiment

Olivier Salleron, le président de la Fédération du bâtiment - BFM Business

Invité sur BFM Business, le président de la Fédération du bâtiment Olivier Salleron s'alarme de la chute des permis de construire et des objectifs du projet de loi Climat en matière d'artificialisation des sols.

Le bâtiment demande aux élus locaux d'arrêter de restreindre le nombre de permis de construire. Les professionnels du secteur souhaitent également que le gouvernement appuie sur l'accélérateur en ce qui concerne le prêt à taux zéro (PTZ) et le dispositif de défiscalisation Pinel pour l'investissement locatif.

Invité ce mardi sur l'antenne de BFM Business, le président de la Fédération du bâtiment (FFB) Olivier Salleron reconnaît que le bâtiment "travaille bien avec" la ministre du Logement Emmanuelle Wargon. "On a travaillé avec elle sur la RE 2020 (les nouvelles normes environnementales pour les bâtiments neufs, NDLR), qui était plus là pour nous mettre des bâtons dans les roues, en pleine période Covid". Mais il dénonce les objectifs de limiter drastiquement l'artificialisation des sols dans le projet de loi Climat. "Artificialiser les sols, ça veut dire quoi? Cela veut dire prendre un peu d'espace pour loger nos concitoyens dans des logements individuels et collectifs. Aujourd'hui, on nous dit stop. Attention, on est en pleine pandémie. Fichez-nous la paix. Laissez-nous travailler, avec ce qu'on a aujourd'hui. Et augmentez les curseurs un petit peu (sur) le PTZ, le Pinel".

>> Téléchargez le guide Loi Pinel de la rédaction de BFM Immo

Il ne faudrait pas "que l'on ne tombe, après le problème du social, de la pandémie, sur une crise grave du logement", avance Olivier Salleron. Certes, "le bâtiment va plutôt bien actuellement (…). Il y a un an, c'était la catastrophe, (…) 95% des entreprises et des chantiers étaient fermés. Le bâtiment a su, lui, sortir un guide de préconisations sanitaires très rapidement (…) pour se remettre au travail". Et le bâtiment a perdu seulement autour de 15% d'activité en 2020, "grâce aux mesures gouvernementales".

Des permis de construire en chute libre

Mais les permis de construire sont en chute libre, et cela a commencé avant la pandémie alors que les élections municipales se profilaient à l'horizon. Le patron de la FFB lance ainsi "un gros coup de gueule" contre certains maires. Il cible en particulier "des maires écologistes qui ont gelé complètement des quartiers en entier et qui ont annulé des projets" de construction. Mais il a souligné qu'il n'y avait pas que les élus avec cette étiquette politique qui étaient responsables. "Les maires des grandes métropoles, mais aussi ceux de la vie rurale, ont bloqué ces permis de construire". Or, "une fois qu'on bloque les permis de construire", les conséquences se font sentir "un an après".

De novembre 2020 à janvier 2021, "le nombre de logements autorisés est resté inférieur de 10,6 % à la moyenne des trois mois précédant le premier confinement", entre décembre 2019 à février 2020, d'après les dernières données du ministère de la Cohésion des territoires. En chiffres absolus, 377.600 logements ont été autorisés à la construction au cours des douze derniers mois (de février 2020 à janvier 2021), soit 73.500 de moins qu'au cours des douze mois précédents (de février 2019 à janvier 2020).

"On estime que 344.900 logements ont été mis en chantier, soit 44.000 de moins (-11,3 %) que pendant les douze mois précédents", expliquait aussi récemment le ministère. Un chiffre proche de son dernier plancher historique, en mai 2015 (il y avait alors 328.000 logements commencés sur douze mois). Il s'agissait d'ailleurs du plus bas niveau atteint depuis le début des années 2000.

L'activité risque donc de ralentir fortement dans les mois qui viennent. Avec la chute du nombre de permis de construire, Olivier Salleron s'attend à un repli de "30% dans la construction en général" cette année, que ce soit dans le tertiaire (commerces, bureaux, entrepôts…) ou le résidentiel. "Comment va-t-on loger nos concitoyens?", s'interroge-t-il.

Jusqu'à 100.000 emplois menacés

Ce qui menace aussi l'emploi dans le secteur. "Un logement non construit, c'est 1,6 personne qui n'a pas d'emploi", estime-t-il. "Donc à la fin de l'année, on est (…) entre 70.000 et 100.000 salariés en danger et plusieurs milliers d'entreprises en danger".

S'il salue le volontarisme du gouvernement sur la rénovation énergétique des bâtiments, qui est "en plein boom", il souhaiterait "monter les curseurs sur les prêts à taux zéro, pour que les jeunes ménages puissent construire leur petit pavillon, leur petite maison" et "monter les curseurs sur le Pinel pour que les investisseurs puissent construire des logements collectifs".

>> Partenariat BFM Immo : profitez des aides de l’Etat pour financer la rénovation énergétique de votre maison avec Hellio

J.L. D.