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Ces promoteurs immobiliers qui résistent à la morosité du marché de la construction

Les géants français de l'immobilier résistent aux difficultés du secteur

Les géants français de l'immobilier résistent aux difficultés du secteur - AFP

L'an dernier, les ventes des promoteurs ont reculé de presque 3%. Mais les grands groupes ont bien résisté.

Repli du logement neuf, morosité des commerces... L'immobilier français fait face à plusieurs difficultés, mais des grands groupes du secteur ont résisté l'an dernier grâce à leurs choix stratégiques. Des chiffres "moroses". C'est le terme retenu par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) pour qualifier l'année 2019 du secteur qui fait pousser les immeubles en France.

L'an dernier, les ventes des promoteurs ont reculé de presque 3%, ce que les professionnels expliquent par leur difficulté à lancer des projets, plutôt qu'une baisse de la demande. Pour autant, plusieurs grands promoteurs français se distinguent, parmi lesquels le premier d'entre eux, Nexity, dont les réservations de logements ont bondi de plus de 10%. Parmi les autres résistants, figurent Altarea (+3%) ou Icade (+2,6%).

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Se tourner vers les grands investisseurs

Les explications sont multiples. D'abord, certains promoteurs compensent le recul des ventes aux particuliers en se tournant vers de grands investisseurs, comme des assureurs, qui s'intéressent de plus en plus au logement en France et permettent de signer des opérations massives, dites "en bloc". "C'est une accélération des ventes en bloc en fin d'année" qui a permis à Icade d'échapper à un déclin des réservations en 2019, a admis auprès de l'AFP Victoire Aubry, sa directrice financière.

Autre manière de faire la différence, Nexity parie depuis quelques années sur les résidences pour étudiants et pour personnes âgées. "Ce sont de nouveaux marchés qu'on a ouverts", se félicitait fin février Jean-Philippe Ruggieri, directeur général de Nexity, lors d'une conférence de presse. "On est seuls (...) au début." Ce pari est néanmoins à double tranchant pour le groupe qui subit une nette baisse de son bénéfice, en partie parce qu'il met du temps à trouver des occupants à certaines de ses résidences pour personnes âgées.

Timidité des élus

Enfin, alors que les promoteurs expliquent largement leurs difficultés par la timidité des élus à octroyer des permis de construire à l'approche des municipales, Altarea met en avant sa prévoyance dans la gestion de ses projets. "Nous n'avons pas trop souffert des difficultés des élus à signer des permis", s'est félicité auprès de l'AFP Jacques Ehrmann, directeur général d'Altarea, qui avait engagé beaucoup de projets en amont de la période pré-électorale.

Altarea se distingue aussi sur un autre créneau: les commerces qu'il détient et loue, une activité rare chez les promoteurs qui se concentrent habituellement sur la vente de logements et, éventuellement, de bureaux. Là encore, le contexte est mitigé en France, dont les centres commerciaux n'ont observé l'an dernier qu'un rebond minime de leur fréquentation (+0,3%) après une année 2018 déjà affectée par le mouvement social des gilets jaunes et, plus largement, face à l'essor du commerce en ligne.

Les chiffres d'Altarea sont bien supérieurs (+3,4%) et il n'est pas seul. Le géant Unibail-Rodamco-Westfield (URW), seule foncière du CAC 40 et propriétaire entre autres du Forum des Halles, bénéficie aussi d'une fréquentation en hausse (+4,6%) en France même s'il peine à convaincre en Bourse depuis qu'il a mis un pied aux Etats-Unis et au Royaume-Uni avec le rachat en 2018 de l'anglo-saxon Westfield.

Sélectivité en matière de sites commerciaux

Les deux groupes ont en commun d'insister sur leur sélectivité en matière de sites commerciaux, comme l'autre géant français du secteur, Klépierre, dont les performances sont moins éclatantes en France mais compensées par d'autres centres à travers l'Europe. Le portefeuille d'Altarea "n'a plus rien à voir avec ce que l'on faisait il y a cinq ans", a souligné son directeur général, avec un recentrage sur les gares comme Montparnasse et la vente de ses galeries commerciales. URW et Klépierre se concentrent, eux, sur quelques grands centres - ils n'en détiennent chacun qu'une centaine - et cherchent à y attirer et retenir les visiteurs par des animations et de la restauration, au-delà du shopping.

Emblématiques de cette stratégie, les centres URW accueillent plusieurs magasins Tesla, alors que le constructeur américain d'automobiles électriques vend des véhicules à plusieurs dizaines de milliers d'euros. "Ce n'est pas forcément pour (vendre) une Tesla tous les jours, mais (...) ça contribue à l'attractivité du centre", soulignait mi-février Christophe Cuvillier, président du directoire d'URW, en conférence de presse.

Avec AFP

D. L.