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Grand Paris: l'achèvement des chantiers de transports à temps pour 2024 paraît menacé

Le chantier des transports des JO va prendre du retard

Le chantier des transports des JO va prendre du retard - Lionel Bonaventure - AFP

Le coronavirus a obligé de stopper les grands chantiers de transports pour les jeux Olympiques 2024. Valérie Pécresse, présidente d'Ile-de-France Mobilités, s’inquiète des délais.

L'épidémie de Covid-19 a brusquement stoppé les grands chantiers des transports de la région parisienne, au risque de rater le rendez-vous des jeux Olympiques de 2024. "Nous sommes confrontés à un coup d'arrêt presque total de nos chantiers de modernisation du réseau", s'est désolée la présidente d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse, dans une interview au Journal du dimanche.

"Un ou deux mois d'arrêt peut impliquer plus d'une année de retard in fine. (...) Si on rate une fenêtre de tir pour installer un ouvrage d'art, on perd le créneau, on doit reporter les travaux à l'année suivante", a-t-elle remarqué. "Tous les chantiers sont à l'arrêt", confirme à l'AFP un porte-parole de la Société du Grand-Paris (SGP).

Reprise que progressive

Quelques techniciens restent néanmoins mobilisés autour des 15 tunneliers chargés de creuser les 200 km de métro automatiques qui doivent faire le tour de l'agglomération d'ici à 2030. Il faut les graisser, vérifier les niveaux de pression... Sans oublier les installations de pompage pour éviter que les tunnels soient inondés. "Il est trop tôt pour dire quoi que ce soit sur les calendriers et les surcoûts", affirme le porte-parole.

Sachant que la reprise ne pourra être que progressive, on peut craindre pour l'achèvement d'ici aux JO du tronçon desservant notamment le futur village olympique, en Seine-Saint-Denis. La SGP n'avait quasiment pas de marge de manœuvre. Même chose sans doute pour le prolongement de la ligne 14 du métro jusqu'à l'aéroport d'Orly, construite par la RATP.

La Régie s'est appliquée à mettre ses chantiers en veilleuse. Et ils sont nombreux, entre le prolongement des lignes 4, 11, 12 et 14 du métro, l'automatisation de la ligne 4, l'adaptation des dépôts aux bus électriques, etc. "Nous ne sommes pas en mesure de pouvoir dire à ce stade les conséquences exactes et de plus long terme sur les projets", indique laconiquement un porte-parole. La RATP compte cependant poursuivre l'aménagement des quatre stations du prolongement de la ligne 14 au nord qui devait ouvrir cet été, de même qu'elle essaye les nouvelles rames fournies par Alstom. Les tests préalables à l'automatisation de la ligne 4 se poursuivent parallèlement, au ralenti. Chez le troisième grand acteur des chantiers franciliens, SNCF Réseau, on a aussi mis l'accent sur la maintenance courante, en attendant "une reprise progressive dans la garantie des consignes sanitaires".

Déblayer les voies

Les travaux se poursuivent quand même, plus lentement, pour déblayer les voies près de Sèvres (Hauts-de-Seine) à la suite de l'éboulement d'un talus début février. Au nord de la capitale, le bel ordonnancement du calage des différents chantiers prévus ces prochaines années, entre rénovation du RER, construction du CDG Express vers l'aéroport de Roissy, projets urbains et réfection de la Gare du Nord, risque de voler en éclats.

Qui dit retards dit surcoûts... Or, IDFM perd environ 500 millions d'euros de revenus par mois de confinement et d'anémie de l'activité économique. Faudra-t-il donc remettre en cause certains investissements? Avant d'en arriver là, Valérie Pécresse a commencé par écrire à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, pour demander un redémarrage des travaux sur les projets les plus avancés. "Si je comprends dans le contexte que nous connaissons que les entreprises du BTP soient confrontées à de graves problèmes d'organisation les obligeant à abandonner certaines opérations (...), nous avons absolument besoin que certains chantiers puissent être poursuivis, dans le respect des conditions sanitaires préconisées par le gouvernement", a écrit l'élue, qui préside également la région Ile-de-France.

Moins spectaculaire que les chantiers, la paralysie des usines d'Alstom et Bombardier pourrait aussi peser sur les calendriers des projets franciliens. Même si les bureaux d'études planchent toujours en télétravail, les deux constructeurs ferroviaires ont subitement suspendu la production de tramways, métros et RER.

Avec AFP

D. L.